Cette fiche de lecture méthodique et complète d'un des ouvrages majeurs de l'histoire de la philosophie au XXème siècle. "Métamorphoses du travail, critique de la raison économique, quête de sens", du philosophe André Gorz. Elle tente de répondre aux questions suivantes : Pourquoi, alors même que l'injonction au travail n'a jamais été historiquement aussi forte, le chômage et la précarité semblent devenus l'horizon indépassable de notre temps ? En quoi les mutations du travail, considérées par le sens commun comme un problème, à savoir l'exclusion, le chômage, la précarité, recèlent-elles un potentiel libérateur ? Le travail, souvent absurde et déqualifié, peut-il encore être humanisé ? Pourquoi la marchandisation croissante des sphères de l'existence constituerait-elle une fausse bonne solution économique ainsi qu'un contre-sens éthique ? Pourquoi la réduction du temps de travail est-elle une nécessité éthique et économique?
[...] Il s'agit de proposer des solutions technico-politiques au problème de la nécessaire réduction du temps de travail. Analyse linéaire a. Introduction (p.13-25) Passer la rationalité économique au prisme de la raison André Gorz se place, dans la lignée de la théorie critique de l'Ecole de Francfort, comme un moderne critique, et non comme un post-moderne. En d'autres termes, il veut rénover le projet de la modernité qui, se voulant « rationnel », était en quelque sorte irrationnel. C'est en ce sens qu'il affirme que « le processus de modernisation a produit ses propres mythes » (p.13), « quasi religieux » (p.14) et qu'il propose de « rationaliser la rationalisation elle-même » (p.13). [...]
[...] Seulement, la correspondance entre culture professionnelle et culture du quotidien, responsabilité technique et responsabilité professionnelle, est détruite par la spécialisation. Par ailleurs, le lien avec la nature, la matière, est défait, il est partiel, numérisé. Le monde vécu (Lebenswelt) husserlien, dans son épaisseur corporelle, au travail n'est plus : il faut veiller à ce que l'activité soit un épanouissement corporel. Il n'est pas non plus pensée libre, c'est là le domaine de la littérature, de la philosophie. La part d'humanité qui ne trouve pas d'emploi dans le travail technicisé doit donc s'épanouir en dehors du travail. VIII. [...]
[...] TROISIEME PARTIE : Orientations et propositions (p.285-339) « Il s'agit, en un mot, de passer d'une société productiviste ou société de travail à une société du temps libéré où le culturel et le sociétal repose sur l'économique », tout en développant une culture de la convivialité, de la fête et de la réflexion, afin de favoriser « une resocialisation de la société et une implication plus grande de chacun avec son environnement », c'est-à-dire, dans un sens émancipateur. Le potentiel libérateur n'a pas été utilisé dans ce sens, mais dans le sens d'un Etat-providence qui n'a pas été producteur de « lien de solidarité vécue », càd de lien autonome entre les individus. Difficile d'agir politiquement avec la mondialisation, le marché international qui contraint les Etats à la soumission. seule une solidarité internationale est possible, notamment européenne : une politique de libération du temps sans perte de salaire est possible. [...]
[...] L'hétérorégulation par le marché est un « mécanisme systémique » (Habermas) qui impose ses lois aux individus, il n'a aucun sens pour les individus. On obtient la scission entre la sphère de l'hétéronomie (à la fois impersonnelle et en partie régulée par une élite de décideurs) et la sphère de l'autonomie (toujours plus réduite). Les individus sont eux-même contraints diviser en 2 leur vie : « vie professionnelle et vie privée sont dominées par des normes et des valeurs radicalement différentes, voire contradictoires » (p.66). [...]
[...] Métamorphoses du travail, II. Critique de la raison économique, III. Orientations et propositions. La première partie interroge le concept de travail, qui est critiqué, dénaturalisé, dénoncé comme « idéologie » aussi bien sous le capitalisme que sous le communisme. Dernièrement, on observe dans la société du travail les métamorphoses suivantes : dualisation, déqualification, l'absurdité voire la nocivité de ses fins, chômage de masse. Il s'agit alors de libérer le travail et de se libérer du travail. La seconde partie critique la « rationalité économique ». [...]
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