Koyré, Galilée, révolution scientifique, science, Descartes, physique, moderne, modernité, Aristote, Platon, philosophie, histoire des sciences, épistémologie, siècle, savoir, mathématiques, lois, nature, Bachelard, Kuhn
Ce document consiste en une fiche de lecture détaillée du texte d'Alexandre Koyré intitulé "Galilée et la révolution scientifique du XVIIème siècle" et extrait du recueil "Etudes d'histoire de la pensée scientifique".
Dans ce texte, Alexandre Koyré produit une interprétation novatrice et magistrale de l'événement épistémologique que constitua la Révolution Scientifique du XVIIème siècle. Cette interprétation, nourrie de considérations tout à la fois conceptuelles et historiques, fait encore aujourd'hui autorité. Elle est en partie à la base du regain d'intérêt qui se manifeste depuis les années 1970 en faveur d'une approche historique en épistémologie (Kuhn, Lakatos, Feyerabend).
L'auteur de cette fiche est normalien et agrégé de philosophie.
[...] Tannery, s'accorde bien mieux que celle de Galilée avec le sens commun et l'expérience quotidienne) La physique aristotélicienne est de plus fondée sur la perception sensible et, en ce sens, elle est anti-mathématique. Car les mathématiques (qui étudient leurs objets sous l'angle de la quantité) et les données de l'expérience sensible (qualitatives) sont absolument hétérogènes. Le mouvement est, dans ce cadre conceptuel, non un état, mais un processus (le repos, à l'inverse, est un état : il constitue le point de départ et le point d'arrivée de tout mouvement). [...]
[...] Le physicien doit au contraire tenir compte de l'ordre du monde, de la séparation entre Ciel et Terre, et du « lieu naturel » de chaque objet. Que pouvons-nous conclure de cette rapide inspection de la physique aristotélicienne ? Que le mouvement étant, dans ce cadre, un changement (et non un état), sa prolongation exige (de manière nécessaire) l'action continue d'un principe moteur ou d'une cause. Cela rend impossible toute formulation d'un principe d'inertie au sein de la physique aristotélicienne. [...]
[...] Nous avons plutôt tendance à imaginer le mouvement comme processus fini, à travers les catégories aristotéliciennes du changement, ou post-aristotéliciennes médiévales de l'effort (impetus). Il faut noter, selon Koyré, le caractère imaginatif de ces conceptions – qu'elles soient spontanées ou théoriques. Selon lui, la révolution scientifique a été le moment d'un choix : il fallut choisir entre penser le mouvement (avec Galilée) ou imaginer le mouvement (avec Aristote et le sens commun). La révolution scientifique est donc avant tout une rupture ; rupture qui est une prise de parti en faveur de la pensée pure, contre l'imagination, la perception des sens, l'expérience. [...]
[...] Galilée, de même que Descartes, fut donc forcé de renoncer à traiter de ce monde qualitatif de la perception et de l'expérience, et de ne prendre comme objet de science qu'un monde abstrait et mathématique. En conclusion, Koyré explique que, si l'on oppose Platon et Aristote sur le problème du rôle accordé aux mathématiques, on voit alors qu'une science aristotélicienne est celle qui considère les mathématiques comme une simple science auxiliaire, dont les objets sont des abstractions, tandis qu'une science platonicienne voit dans les mathématiques une valeur suprême, et le langage universel de l'étude même de la nature. [...]
[...] C'est Galilée qui parviendra à abandonner la conception aristotélicienne du mouvement comme processus et changement au profit de la conception moderne du mouvement comme état. La réponse galiléenne Galilée, dans son Dialogue sur les deux plus grands systèmes du monde, opère une nouvelle discussion des arguments aristotéliciens. Il est le premier à formuler une nouvelle conception du mouvement, non comme processus mais comme état qui persiste sans cause ; c'est cette nouvelle conception qui permettra la formulation d'une loi d'inertie. [...]
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