Dans Commune en France: la métamorphose de Plodémet, E.Morin se propose ici d'étudier en cette année 1965 le microcosme qu'est Plodémet, une commune du Sud-Finistère. Il s'agit plus précisément de déterminer 'la personnalité' de ce bourg, et de déceler comment cette personnalité est travaillée par la modernité. Le cas singulier de Plodémet devient le support d'une réflexion plus large sur la modernité en France, dans les années soixante-dix. Finalement, la question 'qu'est-ce que Plodémet ?' porte en elle la question 'qu'est-ce que le monde moderne ?'
[...] Mais l'expansion de la personnalité féminine ne s'est pas développée en toutes directions: la pudeur reste de mise, même entre femmes, et le mariage n'est pas remis en question. Et surtout, l'émancipation ne se fait ni au détriment de l'Eglise, ni au profit de L'engagement politique. La femme accomplit la mutation de sa personnalité en restant la gardienne du foyer, elle est " agent secret de la modernité " dans la mesure où le jeu de ses nouvelles aspirations et des frustrations qui en découlent l'amène à s'émanciper progressivement et à introduire une exigence modernisatrice dans le foyer. [...]
[...] La survie des deux partis blanc et rouge en est-elle pour autant menacée ? La question reste ouverte. L'étude de la société plodémétienne selon ces diverses oppositions était guidée par l'idée directrice du rapport à la modernité et à la tradition. Les deux derniers chapitres s'y réfèrent plus directement, s'arrêtant sur les représentations mentales liées au temps et au monde et questionnant les objets de la modernité. Si le passé n'a quasiment pas de défenseur à Plodémet, comme en témoigne la disqualification esthétique des vieilles demeures et des vieux objets, il existe pourtant des forces agissant en sens contraire : d'une part la disparition des anciennes fêtes collectives (fête des moissons, veillées collectives . [...]
[...] Fiche de lecture Edgar Morin. Commune en France: La métamorphose de Plodémet Introduction Edgar Morin, pseudonyme de Edgar Nahoum, est né en 1921 à Paris. Licencié en histoire, géographie et droit, il est chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique depuis 1951 et occupe les postes de directeur du Centre d'Études Transdisciplinaires de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et de président de l'Agence européenne pour la Culture. Toute son oeuvre d'écrivain et de chercheur témoigne de sa volonté de combiner les démarches de l'historien, de l'ethnographe et du sociologue pour comprendre sa société. [...]
[...] Autre élément de la personnalité plodémétienne, une vie politique active, dont les buvettes qui se multiplient sont autant de forums et qui témoigne de l'épanouissement d'une culture populaire de communication. Malgré des hétérogénéités (micro identité de bourg, clivages de corporation ou politiques), l'identité plodémétienne constitue une identité matricielle extraordinairement puissante. L'identité de la commune est à la fois locale et nationale, comme en témoigne le bilinguisme. "Le bilinguisme stratifié, conscient et volontaire, reflète exactement la bipolarité de l'identité plodémétienne". Le "nouveau cours" caractérise la deuxième métamorphose de la société, qui modifie la personnalité plodémétienne constituée au début du 20è` siècle. [...]
[...] Son excentricité géographique a retardé son intégration à l'espace national, mais quand elle a eu lieu, elle s'est réalisée pleinement. E. Morin montre en quoi l'archaïsme du pays bigoudien, coïncidant avec une misère plébéienne et un profond sentiment égalitaire, a pu favoriser sa rencontre avec la Révolution et son message émancipateur. Ce message mûrit tout au long du 19è' siècle, mais "Plodémet fait son entrée dans la France lorsque et parce que la France fait son entrée dans la République". L'entrée dans la république coïncide avec l'entrée dans la modernité. [...]
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