L'idée soutenue par l'essayiste français, c'est qu'à force d'avoir fait du bonheur un idéal absolu, nous nous sommes condamné à être malheureux. L'«obligation d'être heureux» est paradoxalement devenue une source d'angoisse et de misère morale. Nous vivons en effet depuis le XVIIIe siècle dans le culte du bonheur à tout prix. Comme nous ne croyons plus à la vie après la mort, nous exigeons le paradis sur terre. Les utopies de gauche et l'utilitarisme bourgeois se rejoignent sur ce point. «Tout tout de suite» et «jouir sans entraves», disaient les slogans en Mai 68. «Concilier réussite professionnelle, amoureuse, familiale, sociale, santé, beauté, etc.», demande-t-on plus prosaïquement aujourd'hui. Or, poursuit Bruckner, obsédés par cet idéal de perfection, nous méprisons tout ce qui n'est pas à sa hauteur.
L'idée de ne pas vivre dans une euphorie perpétuelle nous fait paniquer. Et comme, constate-t-il, «les 80% de notre vie sont faits de moments neutres, ni heureux ni malheureux», nous sommes contraints de nous avouer, en privé, la triste vérité: notre quotidien est banal et ennuyeux. La crainte que les autres soient plus heureux est ainsi à la base des deux grandes passions démocratiques: l'envie et la jalousie. L'obsession du bonheur nous empêche donc de jouir vraiment.
[...] Les victimes portent leur mal sur la place publique pour être reconnues et retourner dans la norme. Ils luttent pour être gardés dans la communauté humaine. Ce qui relevait de la malchance est désormais pensé en termes de préjugés, c'est-à-dire de fatalité modifiable (Ernst Cassirer). II. L'impossible sagesse Selon Voltaire, l'homme serait né pour vivre dans les convulsions de l'inquiétude ou la léthargie de l'ennui De même que les biens obtenus sans effort n'ont aucune valeur, une vie sans combat constituerait un monument de langueur. [...]
[...] La vraie vie n'est pas absente Selon James, ce qui peut arriver de pire c'est de passer à côté de son bonheur sans le reconnaître. La quête d'une bonne vie doit reposer sur deux injonctions contradictoires : profiter pleinement de ce qui vient mais aussi rester à l'écoute de ce qui se fait ailleurs. Si bien qu'il existe deux états du possible : le possible écrasant qui dévore le réel et rend misérable tout ce que nous éprouvons, et un possible fécondant qui met au jour tout ce qui est en gésine chez les êtres. [...]
[...] La détresse fait irruption dans la vie de manière tonitruante. Ainsi, il est illusoire de croire que l'on peut prévoir les maux futurs pour mieux les déjouer. C'est surtout une manière de se gâcher le moindre plaisir en imaginant sa fin. Mais quelques êtres par exception, trouvent dans l'horreur de la maladie l'occasion d'explorer une dimension inédite de l'existence et pour certains de se réjouir. Le romancier anglais Paul West écrit : Etre né, c'est être transformable pour le meilleur et pour le pire en attendant le pire C'est encore l'écrivain Hervé Guibert, atteint du sida, qui parle de l'incroyable perspective d'intelligence qu'ouvre le sida dans sa vie Jankélévitch écrivait que, face à la mort, il n'est ni victoire ni défaite, puisqu'elle n'est pas un adversaire que l'on peut battre ou domestiquer Conclusion Le croissant de Mme Verdurin. [...]
[...] ou encore Médecins et patients Ils traitent de sujets ponctuels qui sont autant d'illustrations propres à chaque chapitre. Extrait de bibliographie utilisée par l'auteur : Arendt, Le système totalitaire. Autin-Grenier, Toute une vie bien ratée. Danto, La transfiguration du banal. Freud, Malaise dans la civilisation. Gogol, Journal d'un fou. Hegel, La raison dans l'Histoire. James, La bête dans la jungle. Jerphagnon, De la banalité. Kant, Théorie et pratique. Lapouge, Utopies et civilisations. Misrahi, Le bonheur. [...]
[...] Poulet, Etude sur le temps humain. Proust, A l'ombre des jeunes filles en fleur. Rosset, L'Objet singulier. Zola, La Curée. Ces œuvres s'accompagnent d'entretiens, mais aussi d'études économiques et sociologiques diverses, dont certaines sont extraites de la presse (Le Monde, International Herald Tribune, Men's Health, Biba, Le Nouvel Observateur, Santé Magazine). Résumé détaillé Introduction La pénitence invisible Soyez heureux ! est une injonction paradoxale qui se rapproche du commandement. La promesse de l'enchantement est une sorte de dette à une divinité dont on ne finirait pas de s'acquitter. [...]
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