Le débat entre libéraux et communautariens a dominé la philosophie politique (notamment anglo-saxonne) des années 1980 à la fin du XXè siècle. Le texte de Walzer prend explicitement place au sein de ce débat. Elle s'attache à rendre la subtilité de la position de Walzer, qui n'est ni strictement communautarienne ni exactement libérale, et qui permet en ce sens de dépasser un moment stérile du débat en question. Il s'agit de montrer que le communautarisme ne peut constituer en tant que tel une doctrine indépendante, mais que le libéralisme doit intégrer la critique communautarienne pour rester une conception cohérente des sociétés contemporaines.
[...] En effet, nous naviguons essentiellement dans des mondes dont nous avons hérité, parce que nous nous y sentons plus à l'aise et que nous les trouvons stimulants Il s'agit ici de bien articuler libéralisme et communautarisme : nous ne sommes pas entièrement déterminés à appartenir à tel ou tel groupe, mais les choix que nous faisons ne sont pas coupés de toute hérédité, c'est-à-dire de tout bien que l'on considère comme tel du fait de nos appartenances diverses. Nous ne choisissons pas les groupes qui contribueront à constituer notre identité, mais du fait que nous pouvons les quitter, nous ne sommes pas déterminés à nous définir par rapport à eux de façon immuable. On peut d'ailleurs remarquer ici qu'aux Etats-Unis, on définit les associations à la manière dont on peut y entrer et en sortir. [...]
[...] Il y a deux façons de montrer la part de vérité de cet argument. Tout d'abord en renonçant à une lecture monolithique des comportements : si le vote des individus n'est par exemple plus systématiquement le même que celui de leurs parents, celui-ci garde une valeur prédicative Mais il se peut que chaque génération transmette moins qu'elle ne reçoit D'où l' anxiété des communautariens. La seconde lecture de cet argument est à la fois plus puissante et plus spécifique au communautarisme que la première. [...]
[...] Mais quelles limites donner à l'intervention de l'Etat ? Là encore, Walzer se démarque d'un libéralisme paradigmatique puisqu'il ne définit pas le libéralisme d'un Etat en fonction de l'étendue de ses tâches, mais par le fait que celles-ci sont limitées par l'établissement constitutionnel des droits individuels qui sont eux-mêmes (selon une lecture pragmatique) non tant une reconnaissance de ce que sont ou de ce qu'ont les individus de façon innée, que l'expression de ce qu'on espère qu'ils seront et feront Pour être libéral, l'Etat a besoin que les individus soient intégrés à des associations définies par une conception du bien, et il travaille ainsi à rendre les associations désirables (c'est-à-dire en accord avec les valeurs du libéralisme) plus solides et plus cohérentes L'Etat ne prend pas en charge les associations parce qu'il considère qu'elles sont un bien en soi, mais parce qu'elles lui permettent de se réaliser pleinement lui-même, et de faire ce qu'il désire faire au niveau collectif de ses citoyens. [...]
[...] Une reformulation de Théorie de la justice, traduit par Bertrand Guillarme, La découverte, Textes à l'appui, Politique et Société - TOCQUEVILLE, Alexis de : De la démocratie en Amérique tomes), GF Flammarion - TAYLOR, Charles : Multiculturalisme. Différence et démocratie, traduit par Denis-Armand Canal Champs, Flammarion, 1994. [...]
[...] Ils insistent au contraire sur le rôle constitutif du contexte axiologique, culturel, pour l'individu. On peut synthétiser cette critique communautarienne du libéralisme par une formule extraite de l'ouvrage de M.Sandel Le libéralisme et les limites de la justice : pour que la justice soit la première des vertus, il faut que certaines choses soient vraies à propos de nous. Il faut que nous soyons des créatures d'un certain genre, et que nous soyons liés au contexte humain d'une certaine manière. [...]
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