Simone de Beauvoir est une femme de lettres françaises du 20ème siècle, liée au courant existentialiste, dont son compagnon, Jean-Paul Sartre, était une des figures de proue. Elle est notamment célèbre pour son Deuxième Sexe publié en 1949, ouvrage phare dans la défense du féminisme. Dans La Vieillesse, publié en 1970, elle s'intéresse à la question de la prise en compte et de la considération de la société pour les personnes âgées. Elle y dénonce en effet ce qu'elle nomme « un secret honteux et un sujet interdit » que les personnes s'empressent d'ignorer. La personne âgée, à un certain stade de la vieillesse, est selon elle, toujours « exilée », dans le sens où l'idéologie dominante dans la société forge des mythes séparant, distinguant la personne âgée du reste de la population. La personne âgée devient ainsi véritablement un autre, « Sage vénérable qui domine de très haut ce monde terrestre, …un vieux fou qui radote et extravague.» . La question de la vieillesse et de sa considération sociale est donc un véritable problème mis en avant par Simone de Beauvoir. Le texte étudié est un extrait du Préambule de La Vieillesse. Simone de Beauvoir se pose ici la question de la définition de la vieillesse sous différents angles d'approches. L'auteur s'attache, dans un premier temps, à désenclaver le concept de vieillesse de la séparation arbitraire qui en fait un état différencié, en le replaçant dans une définition générale de la vie en tant que processus évolutif. Simone de Beauvoir s'intéresse deuxièmement à la définition particulière du vieillissement comme processus défavorable à l'individu en proposant la définition d'un gérontologue américain. Elle s'attache finalement à remettre en question le concept de « défavorable » en le replaçant dans son contexte de concept moral dont le sens peut être largement malléable, puisque c'est uniquement selon une finalité précise que l'évolution d'un être humain jugée défavorable ou non.
[...] Non, Simone de Beauvoir s'intéresse ici à dénoncer les jugements de valeurs (l12) dont découlent ces buts visés pour se poser la question plus générale des buts de la vie humaine. Prétendant ainsi échapper à la contingence des idéologies qu'elle ne questionne cependant pas sur leur raison d'être, l'auteur met ici en avant la nécessité de dégager le véritable but visé par l'existence humaine pour décider ce qui sera ou non du ressort de la vieillesse. Il semble que Simone de Beauvoir a ici pour idée de renverser complètement l'idée première de la vieillesse puisque selon le but que l'on se fixe, on peut ne jamais être véritablement vieux. [...]
[...] La vieillesse est, premièrement pour elle, l'aboutissement et le prolongement d'un processus (l2). Elle développe cette idée en s'intéressant au processus de vieillissement et en le recontextualisant avec le concept du changement. La vie est en effet, changement, évolution continue. Ainsi, le changement qui affecte un individu jeune au fur et à mesure des années est, selon l'auteur, comparable à la vie de l'embryon, du nouveau-né qui est un changement continu. Il n'y aurait donc aucune différence ontologique entre la vieillesse et l'adolescence, par exemple, puisque ce sont tous deux des stades identiques d'évolution d'un être vivant. [...]
[...] Ce processus étant un système instable où, à chaque instant, l'équilibre se perd et se reconquiert Comme l'affirmait ainsi Hubert Reeves dans Poussières d'Etoile, ce qui caractérise la vie c'est l'instabilité qu'elle s'évertue à perpétuer. Ainsi, un corps humain est un corpus physiologique qui lutte toute une vie pour maintenir une certaine température, et ce n'est qu'au moment de la mort que la température de ce corps s'égalisera avec celle de l'environnement extérieur. Simone de Beauvoir va dans ce sens en déclarant que l'inertie . est synonyme de mort (l7). Elle conclut ensuite sa démonstration en affirmant la loi de la vie, c'est de changer (l7). [...]
[...] Ethique et Société : vieillissement et prolongation de la vie Sujet : Expliquez, commentez le texte suivant : Une question se pose tout de suite. La vieillesse n'est pas un fait statistique ; c'est l'aboutissement et le prolongement d'un processus. En quoi celui-ci consiste-t-il ? Autrement dit, qu'est-ce que vieillir ? Cette idée est liée à celle de changement. Mais la vie de l'embryon, du nouveau- né, de l'enfant est un changement continu. Faut-il en conclure comme l'ont fait certains que notre existence est une mort lente ? [...]
[...] Une approche psychologique du texte, sous un autre angle, peut faire penser que ce préambule dénoterait aussi l'appréhension de Simone de Beauvoir par rapport à cet état de vieillesse physique qu'elle expérimente au moment de l'écriture de ce texte, puisqu'outre une possible remarque fataliste le fait est que la conclusion de ce préambule répond clairement aux préoccupations qu'elle pourrait se poser. En effet, là où pour l'auteur, comme pour tout être humain, la corruption physique s'installe, il ne lui reste que l'émancipation intellectuelle pour donner un sens à sa vie, et qui dit donner un sens à sa vie se procure un moyen d'affronter la mort avec plus de sérénité, voire même l'occulter comme dirait Pascal, si l'on considère que donner un hypothétique sens à sa vie peut être considéré comme une passion équivalente au jeu et au tourbillon incessant des passions de la vie. [...]
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