« L'homme est né libre et partout il est dans les fers ». Par cette phrase célèbre, Rousseau (Contrat Social, I), contemporain et inspirateur de Kant, entendait mettre l'accent sur la contradiction manifeste entre le principe et le fait : d'un côté, à en croire les philosophes et les hommes eux-mêmes, l'homme est, en droit, par principe, un être fait pour la liberté (c'est en elle qu'il doit placer son souci et sa dignité) ; tel est, en tout cas, son voeu le plus cher ; de l'autre côté, parmi les peuples de la terre, on ne rencontre guère d'hommes et des femmes libres, mais plus souvent des esclaves, des serfs, des sujets, bref des êtres soumis à des pouvoirs en place (politique, religieux, social...). Comment rendre compte de cette contradiction insupportable ?
[...] Or, de quoi dispose l'humanité pour mener ce combat ? Depuis les premiers temps de la philosophie et de la science en Occident (Grèce antique du 6-4èmes s. avt JC: le miracle grec, le pari de la raison, l'avènement du Logos) , la réponse ne varie guère : la raison est cette “lumière naturelle” qui donne aux humains les moyens et les critères du vrai , la capacité à convertir les mystères insondables de la nature (supposée être crée et gouvernée par des divinités, êtres surnaturels) en problèmes que l'esprit humain est en mesure de résoudre et de comprendre. [...]
[...] Oui, bien sûr et Kant l'admet. La peur, le manque de confiance en soi, la solitude, l'inexpérience . sont autant de facteurs déstabilisants qui peuvent détourner d'en faire l'essai. A l'image de l'enfant qui se sert d'une roulette pour marcher en toute sécurité mais non pas par ses propres moyens, par lui-même , il y a le risque de l'erreur (dans l'ordre intellectuel) voire de l'errance (dans l'ordre physique, moral et psychologique): ne pas ou ne plus savoir où aller ni comment inquiète; se fixer un but, se tracer un chemin, juger à chaque instant par soi-même de la validité de la démarche entreprise exige courage et lucidité. [...]
[...] De est donc difficile . > . d'un pas assuré Kant tire la conclusion de son analyse: la liberté est à la fois une donnée (de la conscience humaine : l'entendement, la raison qui est chacun de nous) et une finalité, une conquête, un combat, qui exige de l'exercice, de l'entraînement, du courage, un travail de chacun. Non une formation préalable (car jusqu'où et jusqu' à quand faudrait-il se préparer à être libre dispensée par des “experts en liberté” (des tuteurs mais le propre travail de l'esprit que chacun peut -et doit- entreprendre par lui- même et pour son propre compte. [...]
[...] Au bout du chemin, on ne rencontre jamais que soi-même . La liberté, paradoxalement, est à la fois la fin visée et le moyen pour atteindre cette fin : elle ne devient réelle que dans son exercice même. Le paradoxe n'est qu'apparent, car l'homme la porte en lui l'idéal de la liberté qu'il est en mesure de lui donner consistance et réalité. La liberté est d'abord un projet : tant que celui-ci demeure à l'état d'idée, de pensée, il demeure vide, pure velléité. [...]
[...] Ce renoncement coupable jette les hommes et les femmes sous la dépendance d'autrui (qui se posent et/ou sont considérés comme des à l'image de ces morceaux de bois que les jardiniers utilisent pour imprimer artificiellement aux plantes, aux arbres un mouvement, une forme, un développement conformes à leurs souhaits . Ce renoncement a pour conséquence de confronter, partout et toujours, hier comme aujourd'hui, chaque être humain à cette alternative radicale: ou bien penser par soi-même ou bien subir la pensée des autres. Il n'est guère d'autre choix: là le sens et le prix de l'exigence de la liberté de penser chère au cœur de tous les philosophes Plan du texte. Le texte se divise clairement en trois moments : 1ère partie. Des Lumières . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture