Gérard Noiriel (1950) est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Provenant d'une famille modeste, il intègre l'école normale d'instituteurs avant de pouvoir entreprendre des études universitaires. Agrégé d'histoire, enseignant dans le secondaire, en 1982 il rédige une thèse de doctorat intitulée Les ouvriers sidérurgistes et les mineurs de fer du bassin de Longwy-Villerupt, 1919-1939). Il doit son recrutement dans l'enseignement supérieur à un poste de professeur agrégé à l'Ecole normale supérieure où il coordonne le diplôme d'études approfondies de sciences sociales co-organisé avec l'EHESS.
Depuis 1994 Noiriel occupe le poste de directeur d'études à l'EHESS et est aussi co-directeur de la collection « Socio-histoires » des éditions Belin et co-fondateur de la revue Genèses.
Ses travaux font le lien entre histoire et sociologie. Ils portent notamment sur les ouvriers, l'immigration, les intellectuels et l'épistémologie de la discipline historique (un exemple en est ce livre même). En effet, déjà dans les années quatre-vingt il constate que les questions centrales dans la pensée sociologique n'ont eu que très peu d'échos parmi les historiens. Au contraire, Noiriel revendique pour son projet d'histoire sociale du politique de s'appuyer sur les outils fournis par la sociologie et en particulier par la sociologie de l'Etat de Norbert. Ainsi pour étayer son étude historique de l'immigration, par exemple, il s'appuie sur la sociologie compréhensive de Max Weber ignorée, selon lui, par l'école historique française. Par ailleurs plus récemment il a aussi travaillé sur l'histoire de la maltraitance. Parmi ces ouvrages nous pouvons citer Le creuset français. Histoire de l'immigration (XIX°-XX° siècle), Paris, Seuil, 1988 ; La tyrannie du national. Le droit d'asile en Europe (1793-1993), Paris, Calmann-Lévy, 1991 ; Sur la « crise » de l'histoire, Paris, Belin, 1996 ; Penser avec, penser contre, Paris, Belin, 2003.
Gérard Noiriel fait partie de ces historiens, par exemple Antoine Prost, qui avec leurs travaux ont permis de réévaluer la position des historiens méthodiques dans l'espace de la recherche historiographique. En effet, même dans ce livre publié en 1998, on retrouve sa méfiance envers les innovations prônées par l'école des Annales et la Nouvelle histoire et sa réticence à accepter les sources dites « nouvelles » comme réel apport possible à la connaissance historique au même plan que les plus traditionnelles archives en papier.
Cet ouvrage est un manuel d'introduction à l'histoire contemporaine qui, par une présentation claire et synthétique de l'état de la réflexion et des connaissances sur le sujet, proclame ouvertement son but principalement pédagogique en s'adressant avant tout aux étudiants désireux de s'engager dans des études universitaires d'histoire. Le but que Noiriel s'est fixé n'est pas à priori très aisée car depuis 1970 l'histoire contemporaine s'est énormément développée et dispersée. De plus, au début des années quatre-vingt on assisté à la naissance d'une « histoire du temps présent » souvent difficile à maîtriser et à cerner. Par ailleurs, de même l'internationalisation des recherches en histoire, la collaboration entre chercheurs de différents pays et la tendance à l'interdisciplinarité notamment pour ce qui en est de l'histoire contemporaine ne rendent pas cette tâche de synthétisation facile à porter à terme. Cependant l'auteur veut retrouver une vue d'ensemble que les autres ouvrages sur ce sujet, par souci de résumer ou par commodité, n'ont pas pris en compte. La réflexion développée dans ce livre est axée sur l'histoire contemporaine et vise à présenter les différents courants de recherche qui s'affrontent ou se côtoient et de même à présenter les différents points de vue et les centres d'intérêts de chaque époque et de chaque pays.
[...] Ainsi quel est l'objet d'étude de l'histoire contemporaine ? Dans l'Antiquité ceux que l'on désigne comme les premiers historiens, Hérodote (484-425 av. J.-C.) par exemple, ne pratiquaient pas vraiment la discipline que de nos jours nous appelons effectivement l'histoire et cela parce que d'un, ils pensaient que la vérité historique demeure liée au témoignage direct, et de deux, ils avaient une conception cyclique du temps qui ne voyait donc pas de réelle rupture entre le passé et le présent. Ainsi dans l'Antiquité, l'histoire était réellement contemporaine. [...]
[...] Au XVIII° siècle le concept cyclique de l'histoire fait place à une vision linéaire de la temporalité. Avec la Révolution française l'histoire n'est plus un réservoir d'exemples mais devient bien au contraire une réalité objective qui a sa propre existence et que l'on peut essayer de connaître objectivement. Cette nouvelle conception du temps amène à une tentative d'organisation du passé par périodes. La première classification est opérée en 1775 par un historien allemand, Büsh, qui distingue les époques ancienne moyenne et moderne A l'intérieur de celle-ci il désigne une période plus nouvelle encore Par la suite c'est la Révolution française qui est désignée comme point de départ de l'époque contemporaine. [...]
[...] Il montre ainsi que le cloisonnement dont a longtemps souffert la France commence à s'abattre et cela même entre les disciplines elles-mêmes. En effet il explique que le dialogue s'établit aussi entre les historiens et les spécialistes des autres sciences humaines et même avec des amateurs Ces perspectives de lectures ne sont pas les seules pour appréhender cet ouvrage, mais j'ai voulu les souligner à cause de leur originalité dans le sens où, par leur rareté, ils apportent un vrai plus à cet ouvrage, déjà très utile et intéressant par en lui-même. [...]
[...] François Simiand, professeur de philosophie et président de la Société statistique de Paris, a basé sa réflexion sur la théorie expérimentale du salaire Sa pensée est complexe et son œuvre parfois obscure, surtout pour des historiens. Il veut prouver qu'on peut appliquer aux sciences sociales, donc y comprise l'histoire, les méthodes utilisées par les sciences naturelles. Il met en pratique ce concept en travaillant sur l'histoire de la monnaie et du salaire en France. Il affirme en effet qu'on ne peut pas séparer les facteurs économiques de leur contexte social et politique. [...]
[...] Croce à ceux du philosophe marxiste Antonio Gramsci. La microstoria veut s'intéresser aux individus en délaissant les structures. En effet selon ses partisans il faut s'intéresser aux acteurs de l'histoire pour avoir une vision réaliste des événements car, même si dominés par les structures, les individus gardent une marge d'initiative importante à analyser pour comprendre au mieux la réalité. Ces historiens dénoncent la distance que les grands historiens mettent entre eux et la réalité en se cachant derrière les murs de leur université. [...]
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