Gilbert Hottois, universitaire et philosophe belge, spécialiste des questions d'éthique de la technoscience, professeur à l'Université libre de Bruxelles, et membre de plusieurs comités d'éthique, rapporte l'essentiel de sa pensée dans "Qu'est-ce que la bioéthique ?". Il est l'auteur, entre autres ouvrages, de "Essais de philosophie bioéthique et biopolitique" (1999) et "Pour une éthique dans un univers technicien" (1984).
Pour bien définir la bioéthique, il s'agit de traiter du regard qu'elle porte sur les grandes questions actuelles, de son intérêt et de sa portée philosophique, en insistant sur sa méthodologie problématique et particulière. Son questionnement fondamental porte sur l'éthique et la morale et doit permettre de penser le vivre ensemble dans un monde pluriel, segmenté et en constante communication.
Ce faisant, la lecture des faits s'organise à un niveau double : l'initiative privée (individu, communauté, entreprise) et la régulation par l'autorité publique de l'État. Ce sont les domaines de la santé, de la Recherche et le Développement (R&D) des sciences et des technosciences du vivant qui soulèvent le plus de questions et auxquelles la bioéthique a pour objectif d'y répondre.
Gilbert Hottois présente la bioéthique par une pluralité de questions bien ciblées qui particularisent cette discipline complexe désormais incontournable et aux enjeux inépuisables, puisque relatifs au sujet humain. Tout d'abord, comment la bioéthique se manifeste-t-elle concrètement dans les sociétés modernes ? Comment établir une délimitation opérationnelle de la bioéthique suivant ses thèmes et sa définition ? Quels sont les profonds problèmes méthodologiques soulevés par les exigences constitutives mêmes de la bioéthique (à savoir la complexité contextuelle, temporelle et institutionnelle) ? Enfin, quels sont les rapports spécifiques et réciproques qu'entretiennent la philosophie et la bioéthique ?
[...] Il plaide pour le pragmatisme dans la production du consensus, afin d'écarter de débat les points où l'accord est impossible : Les consensus pragmatiques sont extrêmement précieux et même indispensables dans nos sociétés complexes si l'on veut instituer des règles opératoires communes tout en préservant la liberté de penser et la diversité des croyances. Ils garantissent aussi la possibilité de rouvrir le débat : un accord pragmatique est sans commune mesure avec un dogme essentialiste ou une norme fondamentaliste, qui veut réguler non seulement les comportements, mais encore la pensée. (p.39). Quels sont les rapports entre la philosophie et la bioéthique ? La bioéthique est une mise en application concrète de la philosophie. [...]
[...] La permission n'est pas contrainte, ce qui donne plus de légitimité éthique aux actions. Le PP permet de réguler les échanges entre les étrangers moraux. Aucune substantialité n'est donnée au principe de liberté ou d'autonomie : les individus sont libres jusqu'à pouvoir se décharger de leur propre volonté de choisir. Le paternalisme, le communautarisme peuvent prendre en charge l'individu qui a librement décidé de se délester de sa liberté. En raison de l'absence d'un principe universel substantiel, le PP s'impose à défaut de mieux. [...]
[...] L'accès à la santé doit prendre en compte toute la complexité socio-économique des problèmes de santé. Le danger selon H.T. Engelhardt est d'imposer un système unique de santé oublieux des particularismes moraux, des limites morales de l'État et du principe de propriété des individus. Il n'est pas possible pour un État laïque soucieux d'égalité de concilier qualité et universalité, égalité, liberté (offre et demande) et l'équilibre maintenu des coûts. L'illusion politique collective qui les perpétue [les situations tragiques liées aux nécessaires choix] procède du refus d'affronter la finitude de l'autorité morale laïque et la finitude des ressources de l'homme devant la mort et la souffrance, y compris les ressources financières (p.100). [...]
[...] Ensuite, la bioéthique anglo-saxonne semble privilégier l'utilitarisme, pris comme cadre philosophico-éthique traditionnel. Il comporte des préjugés favorables à la R&D biomédicale et à la rationalité scientifique expérimentale. Le principe de base est simple : la moralité d'une action dépend de son utilité (quantité de plaisir, de bien-être, de bonheur, etc.) et de la quantité de souffrance supprimée ou allégée. Il s'agit de choisir l'action qui permet de réaliser le plus d'utilité au plus grand nombre. L'attrait de l'utilitarisme est qu'il est pensé la possibilité d'un choix rationnel fondé sur la quantification et le calcul d'éléments empiriquement accessibles (moyens, résultats, conséquences), ainsi que les principes effectifs d'aide à la décision (économique, politique). [...]
[...] La gestion de la complexité diachronique (évolution dans le temps) et synchronique (contemporain) des sociétés technoscientifiques et multiculturelles ouvertes et évolutives ne peut se faire qu'à condition de ne pas avoir de règles essentialistes et fondamentalistes (sociétés closes et immobiles). Un tel contexte est propice au développement des comités d'éthique. Quelle méthodologie est à adopter pour les comités de bioéthiques ? Selon Gilbert Hottois, la première règle relative à la composition des comités est la pluridisciplinarité (plusieurs disciplines) et le pluralisme (du fait des nombreuses opinions). Le multiculturalisme ne doit être ni facteur d'égalité ni être reconnu comme extra-historique ; il doit assimiler cette inégalité, son histoire évolutive tout en tendant à plus de tolérance et à plus d'égalité. [...]
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