Bergson distingue la durée de l'étendue. La durée ne renvoie pas au temps, qui constitue une idée mathématique, mais à la perception du temps par chacun. Ainsi, la durée est empreinte de variation, de changement, et ce parce qu'elle est saisie par la conscience dans une intuition métaphysique. L'étendue est a contrario une donnée relative à l'espace. C'est sur cette distinction entre temps et espace que se fonde la pensée de Bergson. Il est difficile de définir la liberté, car cela reviendrait à représenter spatialement, donc de manière statique, une donnée dynamique et mouvante comme la liberté. On ne peut figer spatialement du temps qui s'écoule.
Ainsi, chez Bergson, la liberté est conçue comme un fait en cours d'accomplissement et l'espace ne saurait, même de manière symbolique, en rendre compte. Toute tentative de définition équivaut à superposer espace et temps, durée et symbole spatial, durée et étendue. La liberté est donc indéfinissable, car toute définition donne à la liberté un aspect mécanique et nécessaire qui conduit au déterminisme. La seule définition que Bergson en donne à la fin du chapitre 3 est la suivante: « La liberté est un rapport du moi concret à l'acte qu'il accomplit ».
[...] Or, le problème réside dans le fait que les déterministes considèrent séparément le segment MO et les segments OX ou OY. Ils envisagent le moi comme indifféremment actif et hésitant entre deux parties inertes et comme solidifiées Le tout apparaîtrait comme un vulgaire mécanisme inéluctable, comme si les faits placés en M avaient peu d'influence sur les décisions du moi, déterminé. Ce n'est pas là avis de Bergson, pour qui l'activité du moi fait corps avec l'acte vers qui elle tend. [...]
[...] Tout simplement parce que les données de la conscience ne sont pas numériques. L'astronome, pour effectuer ses prévisions, accélère le temps en réduisant les intervalles. Il ne modifie pas la durée, mais seulement les intervalles. Il est impossible de procéder ainsi avec les faits de conscience qui s'en trouveraient modifiés, sauf dans le cas du souvenir d'un fait de conscience passé. Les faits ne seront pas modifiés si le narrateur décide d'éluder certains événements en racontant son récit. Il peut sélectionner sans transformer. [...]
[...] Le théorème de la conservation de l'énergie nous assure qu'aucune donnée n'est rajoutée ou supprimée. La préformation est possible lorsqu'elle est appliquée aux faits de conscience, mais elle n'est pas nécessaire. Notre présent ne contient pas en germe l'avenir. Le problème de la préformation est le même que celui de la prévision. Quand nous pensons, nous sommes rattachés au présent, et aucune loi ne nous assure que ce que nous pensons aujourd'hui adviendra de même demain, la pensée n'étant pas une donnée numérique. [...]
[...] Essai sur les données immédiates de la conscience - Henri Bergson Sommaire Présentation : Qui est Bergson? II) Introduction à la thèse bergsonienne : la durée, l'étendue et la liberté III) Le raisonnement de Bergson par étapes Mécanisme et dynamisme L'échec du déterminisme physique L'échec du déterminisme psychologique Qu'est-ce que l'acte libre? Des sensations à l'action: le processus des faits de conscience L'échec de la prévision L'échec final des lois déterminantes à cerner la liberté I. Présentation: qui est Bergson? [...]
[...] On constate rarement une totale fusion des états de conscience formant le moi. Mais ce sont surtout les actes réflexes qui posent problème, lorsque nous agissons comme des automates conscients. Ce ne sont pas alors les sentiments qui inspirent les actions, mais davantage les images auxquelles les sentiments sont reliés et solidifiés. Ces images créent le réflexe, entravant l'acte pleinement libre. Bergson cite un autre cas d'acte apparemment libre, qui ne l'est finalement pas: quand les autres nous poussent à agir. [...]
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