Quel est le statut réel du processus mental par lequel j'énonce une relation de cause à effet entre un phénomène et un autre? Une telle question incite à un travail de réflexion sur une opération mentale familière à chacun de nous.
La thèse du texte s'inscrit résolument dans la perspective d'une problématisation de cette opération mentale: celle-ci, saisie le plus souvent comme une déduction nécessaire, fondée en raison, est-elle en fait autre chose qu'une simple habitude, formée par la répétition d'un constat empirique, associant à un objet les qualités que celui-ci manifeste dans une expérience ?
[...] Hume explique son point de vue dans l'ouvrage dont est tiré l'extrait: pratique, direz-vous, réfute mes doutes. Mais vous vous méprenez sur l'objet de ma question. Comme agent, je suis entièrement satisfait sur ce point; mais comme philosophe, ayant quelque peu de curiosité, je ne dirai pas de scepticisme, je désire apprendre le fondement de cette inférence.» Hume récuse en fait la possibilité de raisonnements a priori et affirme que toute notre connaissance «naît entièrement de l'expérience quand nous trouvons que des objets particuliers sont en conjonction constante l'un avec l'autre» (section VII). [...]
[...] Le moyen terme (ici est le terme qui dans un syllogisme est commun aux deux prémisses (ici, les deux premières propositions), et assure le rapport entre le terme «mineur» (ici, «Socrate») et le terme, «majeur» mortels»). Un tel terme est dit moyen à la fois parce que son extension est intermédiaire entre le plus grand terme (mortel) et le plus petit (Socrate) et parce qu'à ce titre il rend possible l'affirmation de la conclusion. Dans l'exemple donné par Hume, on pourrait appeler x un tel moyen terme et faire apparaître ainsi le syllogisme implicite de l'observateur qui énonce la conclusion évoquée: Tous les pains sont x. Or x est nourrissant. [...]
[...] On ne retint pourtant longtemps de sa pensée que le scepticisme destructeur ; mais les commentateurs de la fin du XXe siècle se sont attachés à montrer le caractère positif et constructif de son projet philosophique COMMENTAIRE/ ÉTUDE DU TEXTE : Comprendre comment une connaissance est possible, expliquer ce qui fait la valeur objective des lois définies par l'homme, relève d'une entreprise utile au plus haut point. Et ce, dans l'exercice courant du jugement comme dans la recherche scientifique la plus poussée. [...]
[...] Hume attire l'attention sur un point particulièrement important: nous prétendons «découvrir» des relations causales existant en dehors de notre esprit, alors que seule l'habitude nous fait croire à l'existence d'une causalité. Celle-ci a donc le statut d'une croyance, voire d'une convention de simple commodité, qui sous-tend le savoir pratique comme la science. Vision sceptique de la connaissance humaine, ou simplement volonté d'en redéfinir le statut à partir de ce qui semble le plus originaire, à savoir les perceptions multiples qui s'organisent dans la mémoire de l'homme? [...]
[...] Ce qui est analysé, c'est l'acte mental implicite par lequel une succession ou une association empirique est interprétée et référée à une loi causale nécessaire. La négation du pouvoir d'anticipation de l'expérience de l'homme repose ici sur une argumentation qui recourt pour une large part à la logique, mais aussi à une certaine conception des facultés de l'homme. C'est d'un point de vue essentiellement logique que Hume critique l'affirmation selon laquelle un objet qui a manifesté telle ou telle propriété la manifestera de nouveau, et indéfiniment, dans l'avenir: il y a là une «inférence» dont la validité fait problème . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture