Dans la société actuelle, la guerre doit toujours être considérée comme "mal" et la paix comme "bien". Mais Edward N. Luttwak réfute cette vision manichéenne. Un rapide détour biographique nous permet d'apprendre qu'Edward N. Luttwak a servi de conseiller au bureau du secrétaire de la défense, au bureau du conseil de sécurité nationale, ainsi qu'au département d'Etat des Etats-Unis. Il est membre du groupe d'étude de sécurité nationale du département de la défense des Etats-Unis ainsi qu'un associé de l'institut du ministère des finances du Japon. Grand stratège, il a été le conseiller de George Bush senior. Aujourd'hui, il étudie la géoéconomie. Luttwak est un conférencier fréquent dans les universités militaires les plus hautes. Les livres qu'il a écrits vont souvent à l'encontre des idées préconçues ou portent pour le moins sur des sujets polémiques. Il publie dans la revue Foreign Affairs de juillet 1999 un article intitulé Give war a chance.
[...] C'est ainsi que de nombreux massacres ont été commis en Bosnie selon Luttwak. Enfin, et il est possible de voir une corrélation, les conséquences de la détérioration de l'efficacité de l'ONU dans ce type de situation sont les crimes qui continuent de se produire là où les régiments des Nations Unies sont en faction. Selon Luttwak, les troupes onusiennes devraient se comporter comme des véritables soldats prêts au combat. En ripostant à chaque attaque, ils obtiendraient vite un calme plus prompt à une paix saine. [...]
[...] Pour Luttwak, la paix n'est bien évidemment pas l'élément déstabilisateur qui amènera la guerre. Il s'agit davantage d'un "terreau" propice à l'émergence de rancœurs héritées d'une combinaison de l'Histoire et des évolutions récentes des parties. Mais si la paix peut engendrer une guerre, l'inverse est aussi possible lorsque le conflit se termine par un épuisement des parties au combat. B. Une stratégie de guerre absolue menant à la paix : Comme indiqué précédemment, la seule stratégie pour qu'une paix puisse perdurer, c'est l'extermination de l'autre ou pour le moins le fait d'arriver à un stade où est atteint un certain objectif qui avec le nombre de pertes subies semble pouvoir satisfaire les parties prenantes au combat. [...]
[...] Pour Luttwak, ce type d'interventions n'est pas bénéfique. Les armistices imposés perpétuent un état de guerre car les raisons intrinsèques au conflit ne sont pas véritablement réglées. Après un cessez-le-feu, les belligérants peuvent prendre le temps de se réarmer et réouvrirent plus tard les hostilités, ce qui causera de nouvelles pertes en vie humaine. Luttwak pense donc qu'une guerre a plutôt intérêt à être absolue que stoppée par des armistices car les pertes seront moins lourdes. Pour lui, les Nations Unies aident à la réalisation d'une paix qui n'est en vérité qu'une guerre potentielle. [...]
[...] Pour Luttwak, la paix repose sur quatre facteurs identiques à chaque conflit : un facteur démographique, un culturel, un économique et un social. Le problème advient lorsque ces facteurs subissent des changements. Les mentalités se trouvent modifiées. Pour Luttwak, les tensions naissent du statut d'un pays et l'idée qu'il se fait de lui-même qui peuvent différer. Dès lors, les accords passés n'ont plus de sens et peuvent même devenir "une insulte"[3] selon Luttwak. Les compromis de paix sont modifiés et en conséquence, la guerre doit survenir pour permettre de retrouver un équilibre. [...]
[...] Il publie dans la revue Foreign Affairs de juillet 1999 un article intitulé Give war a chance. Dans cet article, il reprend partiellement la pensée de Carl von Clausewitz un général prussien de l'époque napoléonienne. Celui-ci, dans son ouvrage inachevé De la guerre, distinguait la guerre dans son essence et la guerre dans sa réalité, la première étant un conflit entre forces qui doivent aller jusqu'au bout de leurs possibilités intrinsèques. Selon Clausewitz, il ne peut exister de limites à cette violence qui doit parvenir jusqu'aux extrêmes. [...]
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