Pour le sens commun, il semble que l'expression « éducation esthétique » se confonde avec l'idée d'une éducation à la beauté. L'approche esthétique est incapable de généraliser contrairement à l'approche scientifique. Dans la mesure où l'éducation a besoin de cette généralisation, on est en droit de se demander ce que l'esthétique peut apporter en matière d'éducation.
Dans un premier temps, Joly montre comment l'idée d'esthétique, de beau est associée à l'idée d'harmonie, de règles, de proportions. Autrement dit, il montre comment lui sont appliqués des principes objectifs d'approche. Il est alors nécessaire d'accepter plusieurs définitions du terme « beau ».
[...] Une certaine interprétation de la Critique de la faculté de juger de Kant nous permet d'entrevoir la liaison entre le subjectif et l'objectif. L'œuvre d'art engage la subjectivité au niveau de la contemplation, de l'admiration ou du dégoût. Cette réception de l'œuvre dépend largement du sujet, de son histoire, de sa culture. Victor Basch définit ainsi ce qu'est une catégorie esthétique : une impression subjective, mais due à des causes objectives, c'est un sentiment ; chaque catégorie a sa forme mais cette forme n'est pas due à un principe unique, elle résulte d'une complexité d'éléments. [...]
[...] En raison sans doute de la carence du système actuel d'enseignement artistique, le processus d'acculturation, qui se traduit essentiellement par une plus grande familiarité avec les œuvres d'art, sans que cela implique nécessairement une meilleure connaissance, est un processus cumulatif très lent. Il doit donc y avoir un équilibrage entre cette éducation, génératrice d'une culture et la culture immédiate des élèves. Cependant, n'y a-t-il pas le risque d'une domination de classe par le biais de cette culture ? Pour l'auteur, dans la mesure où cet enseignement se met en place dès la maternelle et de manière structurée, l'écart prévisible se réduit. [...]
[...] Education morale ou simple jeu Dans la tradition grecque, le Beau et le Bien sont intimement liés. Ce thème trouve un nouveau ressort dans la pensée de Schiller, notamment dans ses Lettres sur l'éducation esthétique de l'homme (1794). L'éducation esthétique en permettant l'éducation de l'homme total doit permettre d'éviter la dépravation et l'affaiblissement des valeurs morales dont Schiller est le témoin. Elle a pour objectif d'équilibrer l'homme dans les usages qu'il fait de sa raison et de ses sentiments. Cet équilibrage se fait au travers de l'instinct de jeu qui place les capacités de l'homme à la fois dans la raison et dans les sentiments. [...]
[...] Pour l'auteur, ce genre d'éducation permet de lutter contre l'uniformisation que nous impose la société de consommation en matière de goût. Lalo Ch, Notions d'esthétique, (1926) ; PUF p11 HEGEL, Esthétique, traduction Jankélévitch, collection Champs philosophiques, éditions Flammarion Paris 1979, premier volume, pp E PANOFSKY, Essai d'iconologie (1939) éditions Gallimard (1967) L'œuvre d'art et ses significations (1955) Gallimard (1969) PHILIPPE JOLY In PENSER L EDUCATION Université de Rouen ; Laboratoire des Sciences de l'Education ; Civiic p 25 E DURKHEIM, L'éducation morale, PUF p 228 ibid p 232. [...]
[...] La chose exige un jugement en profondeur ; le goût, le sentiment ne peuvent rester qu'à la surface et se contenter de réflexions abstraites Porter un jugement de valeur sur une œuvre d'art demande donc d'être connaisseur (connaissance des matériaux, du vocabulaire spécifique, technicien). Pour Erwin Panofsky[3] , un véritable travail de lecture (travail expert) est nécessaire pour mettre à jour les significations de l'œuvre d'art. L'analyse iconographique demande donc la maîtrise d'une culture générale assez large capable de saisir les symboles, le sens caché de l'œuvre. C'est une activité qui s'inscrit toujours en référence à une culture, à une tradition. [...]
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