Dans le Criton, Platon met en présence Socrate emprisonné et attendant la mort et son disciple Criton venu lui proposer de s'évader. Un long dialogue s'engage entre les deux hommes autour du thème du devoir. Criton trouve injuste de voir Socrate en prison à cause de ses idées et d'accusations d'impiété qu'il estime injustifiées. Socrate lui démontre qu'il entend rester fidèle à la notion de juste qu'il défend. Criton, à la fin du dialogue, s'incline et reconnaît que son maître a raison. Dans ce dialogue, Socrate défend une idée bien singulière de la citoyenneté. Socrate affirme que la patrie a plus de droits que ses propres parents. Autre élément contestable, l'hypothèse selon laquelle si on n'apprécie pas les lois de la République, il suffit de partir. Si l'on reste, c'est qu'on accepte le contrat social et le citoyen a le devoir d'obéir à toutes les lois.
[...] Il n'a que la figure d'un faire valoir qui ne pose pas les bonnes questions. Il acquiesce trop facilement. Il aurait fallu quelqu'un d'une autre envergure qui aurait posé des questions aux moments cruciaux. Socrate réfute l'idée d'une évasion. Mais revenons à Socrate et examinons comment il étaye son argumentation lorsqu'il réfute l'idée de la voix de l'évasion et de l'exil. D'abord il demande à Criton de convenir qu'il ne faut jamais commettre volontairement une injustice? Ou l'injustice est-elle bonne dans certains cas, et mauvaise dans d'autres? [...]
[...] Sans doute. SOCRATE. Peut-on vivre avec un corps flétri et ruiné? CRITON. Non, assurément. SOCRATE. Et pourrons-nous donc vivre, quand sera dégradée cette autre partie de nous-mêmes dont la vertu est la force, et le vice la ruine? Ou croyons-nous moins précieuse que le corps, cette partie, quelle qu'elle soit, de notre être, [48a] à laquelle se rapportent le juste et l'injuste? CRITON. Point du tout. SOCRATE. N'est-elle pas plus importante? [...]
[...] Beaucoup d'autres arguments sont avancés rapidement, et parfois peu développés mais il faut savoir que Criton n'est pas un dialogue construit, mais reprend le style de la conversation familière. Socrate répond que Criton n'a pas à se préoccuper de l'opinion du plus grand nombre. L'opinion qui compte, c'est celle des gens raisonnables qui expriment un avis clair sur les faits. Pour Criton, il faut s'en tenir à l'opinion du plus grand nombre. Pour Socrate, l'avis du plus grand nombre n'a pas beaucoup de force. [...]
[...] Que devrait-il faire dans la situation fâcheuse dans laquelle il se trouve ? Socrate. En effet, le dialogue s'ouvre dans la prison d'Athènes au moment où Socrate attend son exécution imminente. Socrate, qui vécut de 469 à 399 avant Jésus Christ, était clairement une figure charismatique, au style de vie quelque peu excentrique. Acceptant la pauvreté et ses conséquences, il semble avoir passé toute sa vie à pratiquer gratuitement une philosophie 3 fondée sur le dialogue avec le premier venu, ce qui signifie avec les Athéniens aisés qui ont des loisirs. [...]
[...] S'il s'enfuit, il accréditera la thèse que les jurés ont pris la bonne décision. L'argument se conclut sur Tu vivras dépendant, de tous les hommes, et rampant devant eux. Si Socrate s'évade, il ressentira de la honte. Le sentiment de honte est prévalent dans le discours des lois personnifiées. Selon elles, Socrate ne peut revenir sur ce qu'il a glorieusement dit lors de son procès. Il devrait penser aux conséquences pratiques : s'il s'échappe, ses amis seront en danger sa vie dans l'exil sera oisive et humiliante. [...]
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