Les deux sources de la morale et de la religion, chapitre premier, obligation morale, Henri Bergson, nature, société, moi social, individu, obéissance, appel du héros, âme, émotion, fiche de lecture
Dans cet ouvrage daté de 1932, le philosophe français Henri Bergson déploie un ensemble de thèses sur les idées de morale et de religion, qui mettent en question certaines conceptions des sociologues de son époque. Les deux sources de la morale et de la religion pose notamment une grande distinction, plus tard reprise par le philosophe des sciences Karl Raimund Popper : la polarité société close / société ouverte.
[...] Cependant il est frappant de constater à quel point la société imite l'organisme : les volontés sont certes libres, mais ordonnées et hiérarchisées. Quelles sont donc ces lois inflexibles, rappelant celles de l'organisme biologique, qui enserrent en entier l'organisme social et instaurent une nécessité de semblable rigueur ? Bergson donne la réponse : l'habitude. Et la société est tout entière un système de ces habitudes d'obéissance ou de commandement, toutes mises en place pour répondre à ses besoins vitaux de cohésion et de survie. [...]
[...] Sur chacune de ces deux lignes d'évolution (instinct et intelligence), on pourra ainsi, d'un côté, situer la fourmilière ou la ruche, et de l'autre les sociétés humaines. Partant de là, Bergson va ensuite montrer que plus on examine l'obligation sociale, plus on lui trouvera de l'analogie avec l'instinct des animaux. Analogie seulement, car les sociétés humaines seront toujours empreintes de variabilité, due à la nature même de l'intelligence. Et pourtant, à cette société instinctive on devra penser, comme à un pendant de la société intelligente, si l'on ne veut pas s'engager sans fil conducteur dans la recherche des fondements de la morale. H. [...]
[...] (35-36) Question : Si l'on voit bien que la première morale a été voulue par la nature, quelle est la force qui fait pendant ici à la pression sociale (instinct et habitude) ? La sensibilité Si elle devait parler, sa formule serait semblable à celle de l'instinct social : il faut parce qu'il faut Mais la différence avec l'instinct social tient en ce qu'elle ne rencontre, au lieu d'un obstacle, que du consenti. À noter qu'il ne faut pas confondre l'émotion avec la passion, qui peut contrefaire le devoir Comment opère cette émotion pour nous propulser à notre devoir ? [...]
[...] (44-49) Bergson se défend de ce qu'une mauvaise lecture pourrait lui faire dire : en faisant une large part à l'émotion dans la genèse de la morale, nous ne présentons nullement une “morale du sentiment”. Car il s'agit d'une émotion capable de cristalliser en représentations, et même en doctrine. [ Et au lieu d'expliquer mon acte par l'émotion elle-même, je pourrai aussi bien le déduire alors de la théorie qu'on aura construite par la transposition de l'émotion en idées. Autrement dit, on ne saurait baser une morale sur le sentiment et l'émotion, car toute morale devient un corps théorique constitué et délimité. Elle peut même dériver en doctrine, et risque la sclérose. [...]
[...] Ce moi social s'oppose au moi intime, ou moi profond, qui lui, représente ce que l'individu a de singulier, d'unique (Bergson analysera ce point par la suite). Il écrit : Chacun de nous appartient à la société autant qu'à lui- même [ ] par la surface de nous-mêmes nous sommes en continuité avec les autres personnes, semblables à elles, unies à elles par une discipline qui crée entre elles et nous une dépendance réciproque. C'est alors que Bergson ouvre des perspectives vers une autre source de morale possible : S'installer dans cette partie socialisée de lui-même, est-ce, pour notre moi, le seul moyen de s'attacher sur quelque chose de solide ? [...]
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