La figure de Marcel Gauchet peut aisément être considérée aujourd'hui comme celle d'un relayeur. En effet ce dernier semble tirer la France de son déclin en matière de production intellectuelle : déclin qui s'est enclenché avec la disparition des grands maîtres à penser comme Sartre, Foucault, Bourdieu ou plus récemment Derrida : ceux là même qui faisaient la gloire de la nation. Gauchet est également un homme inclassable car il n'est identifié à aucune discipline s'intéressant à l'histoire comme à la sociologie et surtout à la philosophie. C'est un interlocuteur éminemment reconnu et redouté par ses contemporains. François Furet en fait « un des penseurs les plus importants de sa génération » par son engagement dans la résolution des paradoxes de notre présent. Il possède une influence considérable dans le milieu intellectuel français de par son œuvre bien sur mais aussi de par son poste de directeur d'étude à l'Ecole des hautes études en sciences sociales et de rédacteur en chef de la revue Le Débat qu'il dirige avec Pierre Nora.
[...] L'autre critique peut bien sur venir d'une analyse de la pratique de la religion. Dans sa collusion avec le politique, la religion dans toutes les civilisations, participé de l'asservissement des peuples et de leur maintien dans l'ignorance : c'était le cas de la religion chrétienne au Moyen Age, c'est le cas aujourd'hui du fondamentalisme islamique. Mais il ne s'agit pas ici de juger la religion mais bien ce que les hommes en ont fait ce qui n'est pas le sujet de Gauchet. Le rejet du monde cause ou conséquence de la religion ? [...]
[...] L'économie le concerne pour autant qu'elle lui permet d'obtenir la satisfaction de ses appétits personnels en termes d'argent et de consommation Malgré les apparences, Gauchet reste un intellectuel profondément optimiste sur le long terme ce qui le rattache à la tradition des Lumières françaises. En précisant que se sont les intellectuels d'aujourd'hui qui font la société de demain. Il donne alors à l'intelligentsia un rôle très important dans l'approfondissement de la réflexivité démocratique. Il se réjouit du caractère autocritique et réflexif des démocraties modernes. Par son travail et sa réflexion, Gauchet sait poser les bonnes questions et soulever les principaux problèmes de nos sociétés modernes. [...]
[...] Comme chez Gauchet, on retrouve le même Scepticisme chez Weber : la rationalisation et la fin de la religion conduirait à une perte de sens de l'être, à un appauvrissement spirituel au nihilisme et au contrôle bureaucratique. Les auteurs tranchent avec l'attitude massivement optimiste des Européens des XVIIIe et XIXe siècles. Pensant être arrivé à l'âge de raison, osant penser avec sa tête, l'Européen des Lumières voit généralement dans la raison une force émancipatrice et entend prendre appui sur elle pour reconstruire le monde et sa vie. [...]
[...] Marcel Gauchet analyse comment la naissance du christianisme et l'apparition de la transcendance (un Dieu unique distant spatialement et non plus temporellement) modifie notre perception du monde et de notre action sur ce monde. La religion des origines ou le règne du passé pur Les religions premières, les plus complètes, sont profondément dévouées à la répétition d'un passé sacré. Toute l'action humaine consiste à préserver ce monde reçu des ancêtres et des créatures magiques perçu comme parfait. Cet effort quotidien du renouvellement du passé originel caractérise les sociétés en sous développement qui refusent le progrès transformateur. Dans le prolongement de Weber, Marcel Gauchet fait du facteur culturel un déterminant du développement économique. [...]
[...] Le devenir de la religion La principale polémique réside certainement en ce point. On sait que pour Marcel Gauchet le désenchantement du monde, c'est-à-dire la désacralisation de la nature aussi bien que du lien social, participe de la logique et de la dynamique du christianisme défini comme la religion de la sortie de la religion mais également que le christianisme en relation avec la mentalité moderne, serait comme la religion possible d'une société d'après la religion Reste que, pour avoir définitivement perdu sa fonction sociale-historique, ce christianisme de l'avenir, ce religieux d'après la religion est destiné à ne se survivre selon Gauchet que dans les limites d'une expérience subjective et personnelle du sacré. [...]
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