Lorsqu'il arrive à Paris pour poursuivre ses études qu'il a brillamment entreprises à Langres, Denis Diderot a renoncé à la carrière ecclésiastique qui s'offrait à lui pour échapper à la tutelle familiale. Il mène à Paris une vie de bohème, multipliant petits métiers, se marie clandestinement et tente de se faire connaître. Il fait d'abord des traductions, puis adapte un ouvrage anglais : Essai sur le mérite et la vertu.
Ses contacts avec le milieu des libraires (les éditeurs de l'époque) expliquent la proposition que lui a faite Le Breton de diriger la publication de l'Encyclopédie en 1746, répondant au but d'exposer l'ensemble des connaissances humaines et d'améliorer ainsi le genre humain. Le dynamisme et la vitalité de Diderot sont tels que l'entreprise, avec toutes les difficultés qu'elle comporte, ne l'absorbe pourtant pas totalement.
En effet, il trouve encore le temps d'écrire des ouvrages audacieux, des Pensées philosophiques condamnées par le Parlement en 1746, ou la Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient, en 1749, qui lui vaut d'être emprisonné dans le donjon de Vincennes.
[...] Au XVIIIe siècle, on commence à réaliser des opérations de la cataracte, essayées sur certaines personnes ; l'expérience n'a rien donné de concluant. Diderot intervient alors dans le débat en donnant pour réponse que tout dépend si l'aveugle est un aveugle philosophe, qui sait se servir de son raisonnement. Son personnage libertin, Saunderson, sur son lit de mort, est face à un pasteur. Il lui dit : Regardez comme le monde est beau, il lui faut bien un auteur ! [...]
[...] Il s'agit là d'une réflexion sur la vue et les sens. Pour lui, nous privilégions la vue, la vision, et ce, même dans le langage grâce aux métaphores c'est clair ou c'est obscur Il y a un impérialisme de la vision, un système de valeurs : le grand prédomine le petit. Nous sommes déterminés par nos sens. Il y a une hiérarchisation dans les sens, que la vue domine. Il s'agit d'une morale qui fait appel aux sens ; on retrouve ici la notion de sensualisme. [...]
[...] L'œuvre La Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient est un essai de Denis Diderot paru en 1749. L'auteur s'est rendu à Puiseaux pour interroger un géomètre aveugle de naissance. C'est l'occasion pour lui de vérifier la théorie sensualiste : toutes nos idées morales et métaphysiques viendraient de nos sens. Il s'agit d'un texte étrange, qui se présente comme une réflexion sur la vie d'un aveugle de naissance. Diderot imagine un dialogue entre un pasteur et le géomètre sur son lit de mort, que le pasteur veut convertir. [...]
[...] Pour Diderot, nous sommes trop habitués à privilégier la vue, au détriment du toucher. Pour l'ouïe il y a le langage, et pour la vue l'écriture. Mais pour le toucher, il n'y a aucun langage. Diderot cherche à savoir s'il existe des correspondances entre ces sens. Selon lui, nous sommes paresseux, car habitués à utiliser plusieurs sens à la fois : du coup, on perd beaucoup de choses. Sous les apparences d'une conversation anecdotique avec un aveugle, Diderot dévoile de façon éclatante ses convictions sensualistes qui sont de la matière et du corps les causes fondamentales de nos valeurs et de nos réflexions. [...]
[...] C'est donc dans cet univers philosophique, historique et encyclopédique qu'il a fallu effectuer quelques recherches, afin de saisir toutes les subtilités présentes dans la Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient. Une autre difficulté est à souligner : par moment la lecture de cette lettre devient difficile, car bien qu'ayant pour utilité d'éclaircir ses hypothèses, les schémas que propose l'auteur ainsi que les explications qui les accompagnent paraissent obscurs. C'est un point sur lequel j'ai dû revenir à plusieurs fois afin d'en saisir toute l'importance. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture