Démocratie, Amérique, Tocqueville, économie politique, sentiments, travail d'écriture, approche réflexive, politique, sentiment, société nouvelle, Claude Lefort, vocabulaire, égalisation des sentiments, haine politique, conditions, Ancien régime, tumulte universel, Révolution, agir sentimental, législative, effets de compensation, normalisaion
Outre l'importance du travail d'écriture entrepris par l'auteur et l'approche réflexive qu'il privilégie, cette précieuse ébauche énonce les termes essentiels de l'économie politique des sentiments que Tocqueville entend développer. Au-delà de l'affinité qu'il établit entre une forme politique (« les démocraties ») et certains sentiments ou qualités humaines, l'auteur insiste immédiatement sur la nécessité de gouverner ces sentiments et ces passions afin de les orienter dans un sens utile à la société : là réside à ses yeux la dimension proprement « politique » de sa démonstration et par là même de la lecture qu'il nous propose des « sentiments démocratiques ». Pour élucider cette construction intellectuelle, il convient de donner ici toute leur place aux tensions qui parcourent l'oeuvre et l'écriture de Tocqueville.
[...] C'est là le côté politique de l'ouvrage qu'il ne faut jamais laisser entièrement de vue »[1]. Outre l'importance du travail d'écriture entrepris par l'auteur et l'approche réflexive qu'il privilégie, cette précieuse ébauche énonce les termes essentiels de l'économie politique des sentiments que Tocqueville entend développer. Au-delà de l'affinité qu'il établit entre une forme politique (« les démocraties ») et certains sentiments ou qualités humaines, l'auteur insiste immédiatement sur la nécessité de gouverner ces sentiments et ces passions afin de les orienter dans un sens utile à la société : là réside à ses yeux la dimension proprement « politique » de sa démonstration et par là même de la lecture qu'il nous propose des « sentiments démocratiques »[2]. [...]
[...] D'un autre côté, ils sont malléables et susceptibles de faire l'objet d'une action, voire d'une véritable politique, qui en modifierait tant l'intensité que l'orientation et plus encore la nature de leurs effets. II. L'agir sentimental À l'instar d'autres moralistes, Tocqueville ne se contente pas de faire l'autopsie des passions humaines et des sentiments politiques dont ils observent les effets contemporains. Refusant de dissocier l'analyse de l'action politique qu'elle appelle, l'auteur de la Démocratie en Amérique défend tout au long de son œuvre le principe d'un agir sentimental au sens où il entend contribuer par son analyse à une action politique sur et par les sentiments. [...]
[...] Cette connotation positive du terme « sentiment » se retrouve lorsque l'auteur considère la « fidélité » comme un « sentiment » qui fonde l'ordre féodal (Ibid., p. 195) ou lorsqu'il présente l' « ambition » comme un « sentiment universel » (Ibid., p. 205). À l'inverse, le matérialisme traduit un « amour excessif du bien-être » (Ibid., 132) et se rapproche ainsi des passions par sa dimension exclusive et parfois abusive. La notion d' « instinct » qui rapproche l'homme de l'animal (Ibid., p. 133) est encore plus péjorative dans la grammaire des sentiments de Tocqueville. [...]
[...] Cette adjectivation est notamment utilisée par l'auteur lorsqu'il décrit le « sentiment démocratique de l'envie » qui s'exprime « de mille manières différentes » (De la Démocratie en Amérique, tome op. cit., p. 241). A. de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique, tome II, op. cit., p Sur l'importance de l'écriture et du style philosophique de Tocqueville, voir les indications fortes de Claude Lefort, « Tocqueville : démocratie et art d'écrire », in Ecrire. À l'épreuve du politique, Paris, Calmann-Lévy p. 55-111 et, plus récemment, Laurence Guellec, Tocqueville et les langages de la démocratie, Paris, Honoré Champion A. de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, tome II, op. [...]
[...] Ce qui limiterait ipso facto la capacité d'une configuration historique donnée à les transformer. À propos de la « passion de l'égalité » présentée comme le « caractère distinctif » de la démocratie dans le chapitre Ier de la deuxième partie de la seconde Démocratie en Amérique, l'auteur nuance immédiatement cette proposition en observant, qu'en France, ce « sont les rois absolus qui ont le plus travaillé à niveler les rangs parmi leurs sujets »[30]. On trouve là un argument qui deviendra central dans L'Ancien Régime et la Révolution. [...]
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