Après avoir regardé très loin avec Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche s'est mis à examiner son époque « tout près de lui »; après ce que supposait de bonté le Zarathoustra, c'est le livre d'une cruauté voulue. Par-delà bien et mal est considéré comme une suite du livre Zarathoustra. Nietzsche revient, après un détour sur des horizons purifiés, à la conscience du monde contemporain.
Par delà Bien et Mal est essentiellement, une critique de la modernité, sans en exclure les sciences modernes, les arts modernes, ni même la politique moderne. Il contient également les indications sur un type opposé, aussi peu moderne que possible, un type aristocratique, qui "dit oui". Tout ce dont notre époque est fière est ici opposé à ce type, presque comme de mauvaises manières, par exemple l'"objectivité", la "sympathie pour tous ceux qui souffrent".
Par-delà le Bien et le Mal s'adresse, pour l'essentiel, à une race de philosophes nouveaux, sans préjugés, que Nietzsche appelle de ses vœux tout au long de son ouvrage. Car aucun des philosophes de renom qui l'ont précédé ne trouvera grâce à ses yeux et les critiques de leurs doctrines sont innombrables. Nietzsche se situe hors des dualismes et des antinomies, dans un au-delà immanent, par-delà la pensée bivalente aussi bien logique que morale. À l'antinomie bon/méchant qui ordonne avec l'antinomie vrai/faux, le monde construit par l'homme, Nietzsche oppose le « oui » à tout ce qui intensifie la vie.
[...] Sont donc indiqués : - les dualismes : vrai/faux, bien/mal, matière/esprit, sujet/objet, apparence/réel - la volonté de construire le monde, véritable tyrannie philosophique (celle des Stoïciens, Spinoza et Kant) qui n'est qu'un instrument au service de forces vitales et sociales s'affirmant et se produisant dans le monde avant toute philosophie et requérant l'aide de la philosophie (ou de la religion) pour se maintenir et se justifier; - le préjugé de la démonstration et surtout de la démonstration mathématique dont use Spinoza, exemple même de l'artifice logique. B. La recherche de la vérité On peut donc déduire de cette dénonciation du préjugé logique qu'il est pour Nietzsche une pratique supposée légitime de l'œuvre véritable de la philosophie qui n'est autre que l'opération d'occultation : la philosophie ne cache-t-elle pas une philosophie (cf. 209) ? Ce sera donc aussi une manière logique de brouiller les cartes en les classant. [...]
[...] Ils disent: "Voici ce qui doit être!" [ . ] leur volonté de vérité est volonté de puissance Les philosophes, hommes de demain ou d'après-demain, ont pour tâche d'être la mauvaise conscience de leur temps. Ces philosophes, qui recherchent la grandeur, ne peuvent que se heurter à l'animal grégaire européen. Mais j'en reste à ces annonces des philosophes nouveaux, que multiplie Par-delà Bien et Mal : la dernière intervient au 210, où Nietzsche indique que ces "philosophes de l'avenir", qui seront des sceptiques, des critiques, des expérimentateurs, "devront pousser leurs expériences hardies et douloureuses plus loin que ne le supporte le goût amolli et douillet d'un siècle démocratique", puisque, de ce siècle ou de cette époque démocratique, ils remettront en question toutes les valeurs. [...]
[...] L'esprit libre réside en ces hommes détachés de tous les liens et récusant toutes les idées reçues. Ils ne s'unissent ni à une personne, ni à une patrie, ni à une science, ni à des vertus. Ces esprits libres, il faut les distinguer des libres penseurs, ces niveleurs, au service, dit Nietzsche, du goût démocratique, du bonheur du troupeau, et des idées modernes. Ce qu'ils cherchent de toutes leurs forces à réaliser, c'est le bonheur du troupeau, [ . ] la sécurité, l'absence de danger, le bien-être, la facilité de vie pour tous. [...]
[...] Ainsi se dégage, dans Par-delà le Bien et le Mal, un type aristocratique et positif. Quant au monde contemporain, il désigne le règne des médiocres et des débiles avec une démocratisation universelle de la pensée et de la vie, un égalitarisme oublieux de la force créatrice de la volonté de puissance. Ce livre révolutionne la philosophie mondiale vers la fin du XIXe s. Dans cet ouvrage, Nietzsche critique violemment les différents pouvoirs étatiques et religieux qui emprisonnent la raison humaine et maintiennent l'Homme dans un état d'esclavage. [...]
[...] Pour cela il faut des chefs dont l'image et la grandeur hantent Nietzsche. S'ils font défaut, alors la dégénérescence globale de l'humanité, qui la ramène au niveau du parfait animal de troupeau dans lequel les rustres et les imbéciles du socialisme reconnaissent leur idéal est possible. Nietzsche pourfend le socialisme, ce pâle et redoutable avorton de la modernité. Irrévocablement, la critique nietzschéenne de la morale est indissociable d'une critique de la société moderne Nietzsche s'attache à la distinction de deux types de morale: celle des maîtres, des aristocrates, des seigneurs et celle des esclaves. [...]
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