Roland Barthes est né en 1915 à Cherbourg. Il vécut ses premières années à Bayonne puis s'installa avec sa famille à Paris où il poursuivit ses études au lycée Louis-le-Grand puis à la Sorbonne en Lettres Classiques. Il fonda à cette époque le Groupe de théâtre antique de l'université. Ensuite, il sera professeur et délégué rectoral et obtiendra un certificat de licence en grammaire et philologie. Sa carrière le mènera à Bucarest et en Alexandrie où il sera lecteur d'université. Il participera à des projets de recherche du CNRS en lexicologie et en sociologie. En 1962, il est nommé Directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études (« Sociologie des signes, symboles et représentations »). Enfin, en 1976, il devient Professeur au Collège de France où il occupe la chaire de Sémiologie littéraire.
Il écrira de nombreux ouvrages au cours de sa vie notamment : Le Degré zéro de l'écriture, Mythologies, Essais critiques, L'Empire des signes et Le Plaisir de l'écriture.
Roland Barthes expose ici à la fois une analyse historique de la stylistique et montre les aspects révolutionnaires de la littérature d'après guerre. Le projet du livre est de démontrer l'existence d'une réalité formelle indépendante de la langue et du style et de comprendre en quoi cet élément contribue à attacher l'écrivain à sa société, son temps. Puis, Roland Barthes cherche à mettre en évidence l'existence d'une Morale du langage comme condition même de la littérature, c'est-à-dire que derrière chaque œuvre littéraire se cache une vision du monde.
[...] Or, de cette autonomie de la structure littéraire, Barthes conclut à l'impuissance de l'homme à la maîtriser. La réflexion globale autour du langage s'en trouve enrichie : l'écrivain, ni plus ni moins que quelqu'un d'autre est fatalement dominé par le langage et cultive l'illusion de sa maîtrise ce qui l'aliène encore plus. Pour Barthes, on ne peut pas vraiment se servir du langage, de l'écriture, dans l'intention de la seule intention qui puisse se réaliser dans l'écriture c'est d'aller au bout de celle-ci, c'est- à-dire de se mettre à son service. [...]
[...] L'idée est née avec les Sophistes dans l'Antiquité est n'est pas désuète aujourd'hui. Barthes affirme que l'écrivain est nécessairement dominé par l'écriture mais, tous ceux qui prennent la parole, que ce soit à l'écrit ou à l'oral le sont de la même manière par le langage qu'ils emploient. Choisit-on réellement son langage ? Peut-on louer le style d'un écrivain ? Ne devrait-on pas plutôt voir dans la maîtrise ou la non- maîtrise de la forme la reproduction d'inégalités sociales ? De nombreux sociologues dont Bourdieu ont examiné les déterminants sociologiques du langage. [...]
[...] Pour ces derniers, la langue échappe bien à la maîtrise de l'écrivain comme pour Barthes. Mais, alors que la fonction de communication de la littérature est remplacée chez Sartre par celle de l'engagement, pour Barthes, la littérature ne peut avoir pour fonction que de dévoiler le langage pour lui-même. Pour Sartre, la parole est la solution au décalage entre littérature et réalité. L'importance de la structure n'y est que secondaire, je peux encore dominer le langage dans l'intention de faire passer un message. [...]
[...] La philosophie devrait-elle alors se transformer et se donner pour tache essentielle de critiquer les formes dans lesquelles se déploie la pensée depuis des siècles ? Il faudrait déconstruire les oppositions de concepts à travers lesquelles nous avons appris à penser : matière-esprit ; corps-âme ; déterminisme-liberté. Détruire cette illusion du monde que véhiculent les mots. En effet, la polémique qui oppose Derrida à Sartre repose en partie sur ce point. Alors que Sartre a voulu trouver dans la structure le fondement de la connaissance, Derrida y voit au contraire l'absence de fondement. Il s'agit d'une critique radicale de la métaphysique. [...]
[...] Contexte historique Lorsque Le Degré zéro de l'écriture est publié en 1953, la guerre froide divise plus ou moins les intellectuels français. En effet, après la deuxième guerre mondiale, la vie intellectuelle et culturelle est marquée à la fois par une forte volonté d'affranchissement formel et existentiel et par un sentiment d'angoisse et d'absurde auxquels nombre d'intellectuels s'efforcent d'échapper par l'engagement dans le combat politique. C'est notamment ce que fait Sartre avec le courant existentialiste qui prône un réengagement de l'homme dans l'histoire et appelle à l'action. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture