Finkielkraut analyse l'aspect culturel de notre époque. Il y voit une déchéance des principes de la modernité et non une post modernité positive. Il regrette les Lumières dont nous aurions trahi le message. En ce sens, nous aurions régressé par rapport à la Révolution française et le confort et la technique contemporains dissimuleraient le recul de la pensée.
« La défaite de la pensée » est emblématique de cette vision négative de l'époque contemporaine.
Contre les Lumières, l'époque actuelle serait gagnée par un romantisme qui se dissimule sous l'impératif de générosité et de tolérance. Les Lumières visent l'unité du genre humain à venir, le romantisme inscrit la pluralité indépassable des cultures dans un passé que l'on hérite et dont on est le produit. L'horizon d'une telle évolution serait la défaite de la pensée.
[...] Il est question de l'émergence du concept de Volksgeist (génie national) c'est-à-dire de la nation au sens romantique qui se constitue sur fond de rivalité politique entre la France et l'Allemagne. Ce concept fait son apparition en 1774 dans un livre de Herder. Dès lors, La culture (le domaine où se déroule l'activité spirituelle et créatrice de l'homme) s'oppose à Ma culture (l'esprit du peuple auquel j'appartiens). En France, une première idée de nation apparaît avec Sieyès comme un corps d'associés. Sans doute est-ce au cri de vive la nation que les révolutionnaires ont détruit l'Ancien régime. [...]
[...] Tout est devenu culturel, même les gestes les plus simples de mon existence puisqu'ils sont liés à MA culture Par ailleurs, le postmodernisme promeut un nouvel idéal, l'individu multiculturel qui démode à la fois les Lumières et le romantisme : les Lumières parce qu'il ne reconnaît pas une haute culture universelle ; le romantisme, parce que s'il reconnaît la diversité, ce n'est pas pour s'enfermer dans un terroir, mais pour rechercher le métissage généralisé. Corollaire de l'abandon de l'idéal des Lumières, la pensée cesse d'être une valeur suprême. [...]
[...] Contre le citoyen abstrait et interchangeable des Lumières, l'homme d'aujourd'hui souhaite être saisi dans sa particularité que lui confèrent ses appartenances culturelles. Comment, sans nier notre fond commun (et c'est la leçon de Finkielkraut) et donc notre capacité à transcender nos appartenances, prendre néanmoins en compte notre diversité culturelle ? En d'autres termes, comment allier diversité et unité ? Enfin, il est à noter une rupture dans le dernier chapitre. Finkielkraut fait la critique de la consommation et de la culture comme consommation. Mais, le lien avec le romantisme est difficile à saisir. [...]
[...] Le nous est le pronom de l'authenticité retrouvée. La troisième partie, intitulée vers une société pluriculturelle montre les résurgences romantiques dans la conception d'une société multiculturelle qui en réalité fait l'éloge des différences. Après que la politique extérieure a été contaminée par une problématique identitaire, c'est la politique intérieure qui se voit gagnée par le romantisme. Considérer la société pluriculturelle, cela reviendrait à nier tous les acquis de l'humanisme à savoir la capacité à transcender ses différences. LA culture disparaît au profit DES cultures. C'est la multiplicité. [...]
[...] Critiques de l'ouvrage La critique du romantisme faite par Finkielkraut est très intéressante. Dans un premier temps, il retourne les romantiques contre eux-mêmes en déconstruisant historiquement l'émergence de l'idée de nation-héritage, comme la résultante de défaites militaires, tant en Allemagne qu'en France. Dans un second temps, il montre que la générosité du romantisme se renverse en son contraire : privilégier les différences, c'est ne plus concevoir d'horizon commun (l'idée d'homme est disqualifiée), c'est donc créer et maintenir un bellicisme permanent entre Etats, mais aussi entre individus à l'intérieur de l'Etat. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture