Il ne faut pas s'y tromper : Rousseau ne peint aucune société existante, mais au contraire part de ses pensées pour bâtir les préceptes d'un Etat tel qu'il devrait être. La démarche est normative. Ceci posé, on comprend qu'émergent deux thèmes-clés. Rousseau tente de nous montrer les modalités du passage des hommes isolés et vivant seuls, à l'Etat; en un mot la formation du corps social en réalité politique. L'Etat ainsi formé doit être conduit; c'est ainsi le vouloir et le gouvernement du corps social qui est à cerner. Mais qui peut prétendre à l'infaillibilité ? Sans tenter à aucun moment de remettre en question son irremplaçable apport, le 'contrat social' prête le flanc à la critique, de par les apories le parcourant, et, indirectement, par les faux procès qui lui furent intentés
[...] Donc une menace mérite la mort ? Surtout, quelles étaient les conditions de la mise en place du pacte social ? La liberté des contractants au moment de passer entre eux ce pacte. Et qu'apportait donc ce pacte en échange ? La garantie de la conservation de sa liberté civile. En somme, au nom de la sauvegarde des principes de la société, Rousseau en a bradé les fondements. Heureusement, ces erreurs ne compromettent nullement le texte dans son ensemble, mais seulement quelques points. [...]
[...] Ce corps, passif, est l'Etat. Actif, il est le souverain. En tant que partie de l'autorité souveraine, les individus sont citoyens, en tant que soumis à l'Etat, ils sont sujets, dans la terminologie de Rousseau. Isolément, chacun de ces termes a déjà été vu et conçu par les écrivains politiques ayant précédé Rousseau. Là où son "Contrat social" ouvre des perspectives radicalement nouvelles, c'est dans la conception et le rôle du souverain et de la volonté générale. La souveraineté, d'abord, doit être étudiée. [...]
[...] La définition et le rôle du gouvernement sont donc particuliers à Rousseau. Le gouvernement est un corps intermédiaire entre le souverain et les sujets pour leur mutuelle correspondance, chargé de l'exécution des lois et du maintien de la liberté, tant civile que politique. Ses formes peuvent être multiples (on se rappelle les trois formes vues ci-dessus). En outre, d'après Rousseau, d'autres facteurs jouent comme la densité de la population, la surface du territoire, le climat, les besoins et habitudes du peuple qui s'est constitué en Etat. [...]
[...] Devrait passer outre la liberté ? Une telle mesure ne relève pas du souverain, mais du despote. Et, après tout, elle est irréalisable. Conclusion Jean-Jacques Rousseau nous livre ici, malgré toutes les critiques, une oeuvre majeure de la pensée politique. Le corps social se forme librement, par un pacte destiné seulement au bien de tous, et qui n'aliène aucun; qui ne prive les contractants de ce qui leur est précieux. que pour le leur rendre immédiatement sous une forme plus solide et garantie par tous. [...]
[...] L'auteur du contrat social se contente de fournir les plans d'une machine, à ses successeurs de la faire marcher; c'est dans l'abstrait et les principes qu'il se limite volontairement. Si l'on ne peut reprocher au texte même les conclusions postérieures qui ont pu en être tirées, il n'en reste pas moins que certaines conclusions du "Contrat social" même sont proprement inacceptables. Du point de vue de la stricte démarche intellectuelle (raison pure), certains passages constituent de complètes apories : non pas une petite erreur mais une contradiction philosophique sans issue. [...]
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