Compte rendu de l'ouvrage de Jean Nabert, Éléments pour une éthique

Résumé du document

L'ouvrage de Jean Nabert, Éléments pour une éthique, propose de redécouvrir le sens de l'éthique. Nabert nous propose pour cela de suivre sa méthode réflexive : il va s'agir d'élever son expérience à son être profond, pour tenter de déceler les rapports qu'elle entretient avec la conscience pure, sans pour autant se détourner de cette expérience ou tenter d'en faire émaner des catégories de la connaissance objective.

De cet acte de reprise intellectuelle va jaillir une certitude assurée, toujours attentive aux différends entre l'être caché et les actions visibles. C'est en acceptant l'éthique comme l'histoire sensée de nos efforts pour exister que l'être retrouvera la sérénité, réceptacle de l'éternité. Loin d'être une réflexion absolue qui s'extrairait d'une existence concrète, l'éthique doit donc inlassablement faire coïncider l'existence et la réflexion rationnelle.

Nous procéderons ici à une lecture linéaire de l'ouvrage de Jean Nabert. Celle-ci prétend illuminer quelques concepts clés de sa philosophie et dévoiler le sens du mouvement de la reprise réflexive.

Extraits

[...] Elle est au contraire indissociable de l'émotion. Nabert ne s'intéresse pas à une philosophie de l'intelligible, mais véritablement à une philosophie de la valeur, qui se construit dans les expériences sensibles. Le jugement de valeur est une qualité qui est portée par un être, c'est un moyen pour témoigner de soi dans le monde, pour inscrire sa trace dans la réalité sensible. Dans le jugement de valeur, le prédicat est l'expression d'un appel que lance la réalité à un acte de la conscience pure de soi qui passe toute réalité Autrement dit, la réalité happe indirectement la conscience pure de soi. [...]

[...] Cette reprise des expériences sous l'angle de la philosophie réflexive permet d'en saisir le sens. La deuxième partie s'intitule l'affirmation originaire La reprise réflexive va être menée jusqu'à la révélation, au sein de la conscience pure, du cogito. Le je suis va être la vérité de la réflexion, mais sans cesse cette réflexion sera happée par l'action. C'est alors que la promotion des valeurs va réconcilier cette certitude première de l'existence concrète du moi Nabert va proposer une démarche réflexive qui permette l'accès à son être et l'affirmation d'une certitude. [...]

[...] C'est un acte de la raison morale, il passe initialement par le devoir. Pour autant il n'est rien sans la rencontre d'autres consciences qui saisissent l'aveu. L'aveu change alors le rapport de l'être avec lui même, le rapport à la vérité, le rapport aux autres consciences et l'être des autres consciences. On se dirige vers un subjectif qui ne brise pas la communication. On objectivise alors la faute passée et par là même on croit alors que c'est un autre que moi qui a fait cette faute. [...]

[...] L'abstraction isole les actes concrets de la conscience pure de soi et on observe une complémentarité de la certitude originaire toujours stable et de la persévérance ; et de l'effort poursuivi dans la tension de la temporalité. Dans ce double mouvement on ré attribue de la valeur aux affections de l'âme et on permet au présent de s'orienter vers un avenir fructueux. Alors peut s'épanouir le sentiment de possession de soi. D'après le constat que l'action et l'effort ne sont pas des conditions suffisantes pour assurer la victoire du sujet puisqu'elles peuvent voir émerger une déchéance, Nabert va s'interroger sur le sens que doit prendre le mouvement de réflexion. [...]

[...] La plus haute vénération c'est donc d'inscrire son être dans la temporalité, de réaliser des actions absolues incluant le consentement à la perte de vie. C'est accueillir la pensée de la mort comme condition de la vie. La vénération sera lors intérieure, pour le progrès concret de l'existence. Elle fera fleurir la volonté de vouloir et de valoir, et laissera se déployer les possibilités de l'existence. C'est par la reprise réflexive que l'être pourra alors s'élever à l'idée d'une éternité de la pensée et par là même la conscience connaitra la sérénité. [...]