Bergson, dans ce court extrait, s'interroge sur la nature de la conscience. Selon lui, elle se manifesterait par un choix, et serait tournée soit vers le passé, (mémoire, c'est à dire création) soit vers le futur (anticipation, c'est à dire choix.) Ainsi, il y aurait des fluctuations de la conscience, selon "la somme plus ou moins considérable de choix [...] que nous distribuons sur notre conduite". Si le raisonnement de Bergson est limpide, ses conclusions le sont moins. En effet, les conséquences potentielles de sa thèse sont énormes. L'humanité se définit souvent par sa conscience : si nous acceptons que celle-ci puisse osciller, n'y-a-t'il pas un risque de négation de la conscience et donc de l'humanité de certains ? Si la conscience est "synonyme de choix", tous ceux qui adhèrent à un dogme sont-ils encore conscients ? Si la mémoire est création, quelles en sont les conséquences pour l'art ou la théologie ? Enfin, le temps et le divin peuvent-il coexister avec cette conscience Bergsonienne ?
[...] Ni l'histoire ni l'Histoire ne peuvent s'arrêter. Adopter une vision dialectique mais cyclique de l'histoire (comme l'a fait je crois Aristote) est un moyen possible d'éluder ces problèmes, sans être nécessairement très convaincant. Derniers problèmes majeurs que soulève Bergson, le temps et le divin. Pour Bergson, la conscience est en effet tournée exclusivement vers le passé ou le futur, la conscience au présent n'existe pas. La question se pose donc naturellement : l'instant présent existe-t-il ? Et si "maintenant" n'existe pas, le temps peut-il exister ? [...]
[...] Un autre attribut divin est la sagesse, ou l'omniscience. Dieu voit tout, Dieu sait tout. Dieu connaît ainsi toute l'histoire du temps, et toutes les variations de tous les arts. Il ne peut donc connaître ni l'anticipation, ni la mémoire et conséquemment ne peut être conscient. Par extension nous- mêmes ne serions pas conscients, et toute notre bâtisse philosophique s'effondrerait. Cependant, nous avons postulé que le temps n'existe pas. Le monde est le résultat d'une série quasi-infinie de causes qui nécessite une première 5cause, un deus ex machina par excellence. [...]
[...] Bergson ne nie pas l'existence de la conscience chez tout être humain. On peut donc défendre sa thèse de toute inclination vers la discrimination ou la séparation absolue entre les "conscients" et les autres. Il faut distinguer la capacité à être conscient, commune et identique à toute l'humanité, à la conscience dans l'instant, qui peut varier selon les circonstances et les personnalités individuelles. L'application de la thèse de Bergson soulève également des questions intéressantes dans le domaine du dogme. Le croyant adhère à une série de principes et restreint ainsi le nombre de chemins qui lui sont ouverts. [...]
[...] Selon lui, le paroxysme de la conscience serait des moments de "crise intérieure" ou d'hésitations "entre deux ou plusieurs partis à prendre". Il cherche à expliquer ceci en ayant recours à une analogie mathématique. Il lie l' "intensité" de la conscience à la "somme" de choix ou de chemins que nous offrons à notre conduite : nous sommes plus conscients à un carrefour que dans une ligne droite. Il est intéressant de remarquer que cette "somme" de choix ne correspond pas à la "somme" de choix apparente. [...]
[...] Commentaire du texte La conscience de Bergson Bergson, dans ce court extrait, s'interroge sur la nature de la conscience. Selon lui, elle se manifesterait par un choix, et serait tournée soit vers le passé, (mémoire, c'est à dire création) soit vers le futur (anticipation, c'est à dire choix.) Ainsi, il y aurait des fluctuations de la conscience, selon "la somme plus ou moins considérable de choix [ . ] que nous distribuons sur notre conduite". Si le raisonnement de Bergson est limpide, ses conclusions le sont moins. [...]
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