Dans Le Temps Retrouvé, septième et dernier tome d'A la Recherche du Temps Perdu, publié à titre posthume en 1927, Marcel Proust, considéré comme l'un des plus grands écrivains français du XXème siècle, tire des leçons de son expérience dont il a transposé les multiples aspects dans son oeuvre. Le Temps Retrouvé est en réalité la préface des premiers volumes; c'est en quelque sorte une réponse, la clé de la Recherche. Proust y conclut que "la vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent pleinement vécue, c'est la littérature".
[...] Le but de la démarche artistique serait donc la révélation à nous-mêmes et aux autres de notre réalité authentique. La littérature apparaît donc ici comme révélant l'auteur à lui-même, comme incitant à une réflexion qui seule nous permet d'accéder à la "vraie vie", à une vision nouvelle. Tout est le résultat d'une quête, d'un travail acharné. Dans l'épisode de la petite madeleine, issue de Combray, première partie de Du côté de chez Swann,le narrateur, en buvant une gorgée de thé avec une madeleine, ressent une "puissante joie". [...]
[...] Par exemple, dans l'incipit d'Enfance, de Natalie Sarraute, le lecteur est interpellé et invité à réfléchir par lui-même et sur lui-même. Des expressions comme "tiens, rien que d'y penser . "tu m'y plonges . " suivies de points de suspension nous poussent inconsciemment à nous poser ces questions à nous-mêmes et nous laissent libres. De même, la lecture des Confessions de Rousseau ou des Confessions de Saint-Augustin nous donne l'envie de tenter d'analyser nous aussi notre caractère, notre personnalité, notre vie. [...]
[...] La littérature, un moyen d'évasion pour le lecteur Pour beaucoup de lecteurs, la littérature est vue comme un moyen de fuir une réalité. On désire y trouver la vie telle qu'on aimerait la vivre, et non la "vraie". Le lecteur vit alors par procuration. Par exemple, dans Madame Bovary, Flaubert met en scène Emma, qui se réfugie dans la lecture des romans d'amour pour oublier la réalité décevante de sa vie. Elle vit donc en imagination, et se forge une vision imaginaire de l'homme. [...]
[...] Peut-être faudrait-il la voir comme une simple pause, une méditation sur le monde extérieur de plus en plus violent. Par exemple, Voltaire, dans son conte L'Ingénu, met en scène un jeune et bel étranger, un Huron, qui possède une grande liberté d'esprit et capacité de réflexion, et qui devient "civilisé" au contact de la société basse bretonne qu'il découvre. Dans ce conte, Voltaire veut plaire à son lecteur, il le fait rire, mais cherche également à l'éduquer. En effet, L'Ingénu a une valeur polémique: Voltaire y critique certains aspects de la société, comme l'arbitraire, et surtout la religion avec les jésuites. [...]
[...] La littérature nous ouvre en effet la porte d'une autre conscience, qui sans la littérature nous demeurerait inaccessible. La littérature permet une plongée dans la vision, le monde de l'autre, et permet ainsi une communication entre les hommes. Dans les Chimères, avec El Desdichado, qui signifie le malheureux, le déshérité, le poète Gérard de Nerval tente de dominer la confusion de son esprit qui se défait dans un sonnet souple et mélodieux. Il nous fait part de son errance et de sa détresse psychologique. [...]
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