En 1952, l'Unesco publiait une série d'articles consacrés au problème du racisme dans le monde, dans un contexte d'horreur suscité par la découverte des exactions commises par les Nazis durant la Seconde Guerre Mondiale. Claude Lévi-Strauss écrivit ce court essai qui, en dépassant le cadre strict du racisme, regroupe de nombreux aspects de sa réflexion. On y retrouve notamment l'importance accordée au structuralisme, à l'ethnocentrisme et à la définition relative du progrès Certains de ces points vont être explicités plus en avant dans la partie qui va suivre, consacrée à l'étude de la pensée générale de l'auteur. Ce document n'est pas une fiche de lecture sur "Race et Histoire" mais retrace le contexte de parution de ce livre et analyse les influences de pensée de Lévi-Strauss.
[...] Mauss, Lévi-Strauss se mit à lire rapidement Marx. Il en retint que les sciences sociales se doivent de constituer des modèles théoriques permettant d'appréhender la complexité du réel à partir de structures qui l'organisent. Par-là, Lévi-Strauss s'inscrit dans la lignée du philosophe Louis Althusser qui a ouvert la voie vers une anthropologie marxiste. Aussi pouvait-on lire dans Tristes Tropiques : Marx a enseigné que la science sociale ne se bâtit pas plus sur le plan des évènements que la physique à partir des données de la sensibilité : le but est de construire un modèle, d'étudier ses propriétés et les différentes manières dont il réagit au laboratoire, pour appliquer ensuite ces observations à l'interprétation de ce qui se passe empiriquement et qui peut être fort éloigné des prévisions. [...]
[...] L'un des derniers ouvrages en date de Lévi-Strauss (Regarder, Ecouter, Lire 1993) est consacré à l'art. En effet il s'est intéressé aux formes d'art des sociétés qu'il étudiait, toujours avec le souci du relativisme culturel, même s'il est profondément attaché à la culture de la civilisation occidentale. C'est avec un peu de pessimisme qu'il annonce : Vues à l'échelle des millénaires, les passions humaines se confondent. Le temps n'ajoute ni ne retire rien aux amours et aux haines éprouvés par les hommes, à leurs engagements, à leurs luttes et à leurs espoirs : jadis et aujourd'hui, ce sont toujours les mêmes. [...]
[...] Dans Les structures élémentaires de la parenté, Lévi-Strauss veut aussi dissoudre la croyance en une évolution de l'humanité passant par différents stades de développement. En effet il croit que l'intelligence humaine est une, et les dissemblances nombreuses que l'on peut constater entre les sociétés sont le fait de conditions naturelles différentes. Cette réflexion s'est constituée en réaction aux affirmations d'infériorité d'une race par rapport à une autre, au vu de son développement, de sa religion, de ses habitudes culinaires. Ceci rejoint le problème de l'ethnocentrisme, puisque certains philosophes considèrent les sociétés primitives comme représentant le stade enfantin de l'humanité, nos sociétés occidentales seraient, elles, parvenues au stade adulte de l'évolution. [...]
[...] De même, Lévi-Strauss critique la vision hégélienne de l'histoire, instaurant l'idée d'une histoire cumulative tendant vers une fin. Il reproche à ce philosophe de baser sa réflexion sur le développement de l'Occident, qui regrouperait en son présent tous les schémas d'évolution possible à l'échelle du monde ; les sociétés gravitant autour de la civilisation occidentale ne seraient rien de plus que des formes antérieures de son développement. Le procédé consiste ( ) à prendre la partie pour le tout ; à conclure, du fait que certains aspects de deux civilisations (l'une actuelle, l'autre disparue) offrent des ressemblances, à l'analogie de tous les aspects. [...]
[...] Car les hommes ne diffèrent, et même n'existent, que par leurs œuvres. Elles seules apportent l'évidence qu'au cours des temps, parmi les hommes, quelque chose s'est réellement passé. [...]
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