George Steiner est né à Paris, en 1929, dans une famille juive dans laquelle il a reçu une éducation française et anglo-saxonne. En 1940 à l'aube de la seconde guerre mondiale, il rejoint avec sa famille les Etats-Unis.
Là-bas, il va continuer ses études et obtenir un Doctorat à l'université d'Oxford. Par la suite, il enseignera la littérature comparée dans de grandes universités telles que Princeton, Oxford, l'université de Genève.
Il fait également partie de la British Academy et maîtrise cinq langues vivantes et le latin et le grec.
Philosophe du langage, critique littéraire et romancier, il a publié, entre autres, Le sens du sens, Langage et silence, Après Babel, Les Antigones. Entre 1992 et 2003, il a participé à de nombreuses conférences.
Son oeuvre, Dans le Château de Barbe Bleue, parue pour la première fois en version française en 1973, avait pour titre initial « La culture contre l'homme ».
Il est primordial, pour comprendre dans quelle logique Steiner a écrit cet essai, de chercher à analyser pourquoi a-t-il ainsi renommé son œuvre et quels rapports entre la culture et le château de Barbe Bleue.
Il faut pour cela connaître le conte de Charles Perrault « Barbe Bleue », l'histoire d'un Comte anglais qui épousa de nombreuses femmes et qui les tua toutes dans son château. Il y avait dans le château, une pièce interdite où aucune de ses
femmes n'avaient le droit de rentrer. C'est Barbe Bleue qui conservait la clé de cette porte.
Dans l'opéra Le Château de Barbe Bleue de Bela Bartók, la dernière femme de Barbe Bleue se retrouve devant la porte interdite et elle se demande si elle va avoir le courage de l'ouvrir pour découvrir ce qu'il y a l'intérieur. Elle a peur de ce qui l'attend dans cette pièce, et des possibles représailles de son époux.
Steiner présente, avant de commencer son essai, cette phrase qui selon lui, illustre la situation du monde contemporain face à la culture :« Nous sommes peut-être, à propos d'une théorie de la culture, à cet endroit précis où se tient la Judith de Bartók quand elle demande à ouvrir la dernière porte sur la nuit »
Dans la pièce de théâtre de Bartók, cette scène est accompagnée de l'hymne funèbre. 7e porte : De cette porte émergent les formes silencieuses des trois précédentes épouses de Barbe-Bleue. L'orchestre entame un hymne funèbre rythmé par les clarinettes et les bassons. Comme un mauvais présage, un présage de mort.
Pour Steiner, c'est comme si nous étions à la place de Judith et que nous devions nous interroger sur pourquoi ouvrir cette porte et les conséquences que cela aurait sur notre futur. L'humanité est devant cette porte, et se demande si oui ou non, la
porte vaut la peine d'être ouverte, est-ce que cette humanité est prête à affronter ce qu'il y a derrière cette porte ?
En analysant le parallèle entre le premier titre de l'oeuvre et le titre définitif et après lecture de l'essai, nous pouvons nous poser les questions suivantes : y a-t-il une porte, dans la culture, qu'il ne faut pas ouvrir ? La curiosité dont procède la culture, l'espoir sous-jacent qui l'anime ne sont-ils pas finalement que des restes du leurre des Lumières? Pourquoi la haute culture n'a-t-elle pas permis de prévoir les massacres de la seconde guerre mondiale ? Comment la culture a-t-elle évolué à la
sortie de ce deuxième millénaire ?
Mais la culture ne doit-elle pas nous permettre d'ouvrir toutes les portes et de nous préparer aussi au pire ?
Ce sont une partie de ces questions que se pose Judith dans le célèbre conte de Perrault.
C'est ce que nous allons expliquer tout au long de cette analyse. La façon dont le monde occidental a évolué au cours des deux derniers siècles et la manière dont la culture s'est adaptée à cette évolution.
Nous nous appuierons sur les notes de George Steiner pour répondre à notre problématique.
Nous étudierons l'oeuvre de façon chronologique afin de garder la cohérence dans les idées de l'auteur.
[...] On a analysé les causes économiques, sociales, psychologiques. Mais selon Steiner, l'analyse rationnelle se prend à chanceler devant l'énormité des faits Pour lui, il manque un aspect primordial de l'analyse : la culture. Elle a été laissée de côté lors des explications et des analyses sur la Seconde Guerre Mondiale et le massacre qui a eu lieu pendant cette période. Pour Steiner, c'est la culture qui est la cause principale de cette barbarie contre le peuple juif. Contrairement à Hobbes, il nous explique que la culture n'enlève en rien le côté barbare de la nature humaine. [...]
[...] Selon l'auteur, ces 100 ans de paix qu'ont connus les populations au 19ème siècle et qui ont permis tous les progrès réalisés ont aussi contribué au futur et par là même aux Guerres Mondiales. En effet, pour appuyer ses dires, George Steiner se base sur des œuvres de l'époque qui traduisent un sentiment d'ennui : - Coleridge dans Biographia Literia parle de nausée molle. - Baudelaire emploi le mot spleen qui évoque l'ennui, l'attente. - Théophile Gautier préfère lui plutôt la barbarie que l'ennui. C'est durant le 19ème siècle que la culture telle que nous la connaissons ainsi que sa définition ont fait leur apparition. [...]
[...] De part cela, Steiner nous explique le pourquoi de la barbarie de la seconde guerre mondiale contre les juifs. Ce sont les juifs qui ont inventé Dieu, et en tuant les juifs, on tuait dieu. Les juifs étaient les créateurs de dieu. * 34550.206 "737"30"80690":;750.>"9062,?1550" " " " Barbe-bleue et ce serait lâcheté, trahison radicale, et mutilation de l'instinct inquisiteur de l'homme de la laisser fermée. Il se demande toutefois s'il faut persister dans certaines recherches ? Va-t-on pouvoir supporter les vérités à venir ? [...]
[...] C'était quelque chose prévisible que nous n'avons pas su déceler à l'avance. L'holocauste n'est pas la conséquence d'un état morbide individuel ou des névroses d'une seule nation Au niveau philosophique et ontologique, le génocide des juifs n'a rien à voir avec les génocides précédents (tziganes, arméniens). Les causes de ces massacres sont différentes et c'est ce que cette analyse met en avant. Et l'une des principales failles de la culture occidentale est la convergence entre la vie religieuse et l'instinct. [...]
[...] Est-ce qu'il y a au libido sciendi (autrement dit : cette soif de la connaissance humaine) à cette chasse vers la nouveauté intellectuelle, spirituelle, des limites où le danger serait trop grand ? C'est le mythe de Barbe-Bleue. Ses femmes ouvrent les portes l'une après l'autre, même la dernière qu'il leur avait dit de ne pas ouvrir (les femmes ont une curiosité merveilleuse Elles l'ouvrent, et c'est la mort. Chaque fois c'est une nouvelle femme qui disparaît dans les bas-fonds du château. [...]
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