On oppose traditionnellement la conception fichtéenne de la Nation, fondée sur un peuple, une même force vitale, et la conception de Renan, plus universelle, pour laquelle la Nation serait un ensemble de principes, librement choisis par les hommes qui y adhèrent. La France représenterait le modèle de la Nation universelle, dont l'adhésion ne dépend que de la libre volonté individuelle, alors que l'Allemagne serait, jusqu'aux réformes des années 1990, le symbole d'une nation fondée sur des critères objectifs, ethniques. La Nation allemande tiendrait plus de l'ethnos que du demos, comme le défend Jürgen Habermas, alors que la Nation française serait une « communauté de citoyens » . Cette opposition, longtemps érigée en mythe national de l'exception française est en réalité largement fausse et la conception française a toujours mêlé éléments objectifs et subjectifs de la nation
[...] La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum La Nation soumet l'Etat au principe démocratique, et en reliant l'Etat à la société confère à ce dernier la légitimité démocratique. Au final, la conception moderne de la nation française dépasse le cadre ethnique ou raciste. Elle trouve en fait sa source dans un ensemble complexe de liens objectifs et subjectifs qui fondent le sentiment commun d'appartenance et assoient la légitimité démocratique de l'Etat. C'est donc à la fois une réalité extérieure à l'individu, et un sentiment intériorisé et transmis d'une génération à l'autre. [...]
[...] La nation française n'est-elle qu'un plébiscite de tous les jours ? Une nation est une âme, un principe spirituel. Ernest Renan, Qu'est-ce que la Nation, section III On oppose traditionnellement la conception fichtéenne de la Nation, fondée sur un peuple, une même force vitale, et la conception de Renan, plus universelle, pour laquelle la Nation serait un ensemble de principes, librement choisis par les hommes qui y adhèrent. La France représenterait le modèle de la Nation universelle, dont l'adhésion ne dépend que de la libre volonté individuelle, alors que l'Allemagne serait, jusqu'aux réformes des années 1990, le symbole d'une nation fondée sur des critères objectifs, ethniques. [...]
[...] Par ailleurs, l'histoire du droit de la nationalité française montre l'importance du droit du sang. Adopté en 1803 afin de rompre avec le jus soli d'ancien régime, socle du servage, le droit du sang limite l'acquisition de la nationalité à la filiation. Le droit du sol fait sa réapparition en 1889, afin de mobiliser dans l'objectif d'une guerre. Le déficit démographique justifiera également le retour au droit du sol en 1927. Il faut cependant noter, comme le dit Patrick Weil, que le droit de la nationalité n'est pas le reflet d'une conception de la nation. [...]
[...] Pour Gustave Le Bon, qui défend le racialisme évolutionniste, fortement teinté de darwinisme social, l'Histoire est une longue lutte pour l'existence de groupes humains porteurs de caractéristiques définies, avec une sélection historique. Enfin, pour Vacher de Lapouge, le sélectionnisme fait de la race supérieure un idéal en permanente construction. Seule une sélection des reproducteurs peut permettre l'amélioration de l'espèce. C'est donc un Etat fort qui doit s'assurer de cette sélection. La France a donc été le berceau d'une intense littérature démontrant la supériorité de la race blanche et des peuples germaniques, parmi lesquels on trouve les Francs. [...]
[...] Renan poursuit L'existence d'une nation est (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours, comme l'existence de l'individu est une affirmation perpétuelle de vie. Il écrit dans le contexte de l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne et s'oppose radicalement à l'idée que partout où l'on parle allemand, c'est l'Allemagne. Pour lui, Le temps a légitimé cette conquête, puisque l'Alsace a pris ensuite une part si brillante aux grandes œuvres communes de la France. À cette conception s'opposerait celle de Fichte, qu'il expose dans ses Discours à la Nation allemande (1807-1808). [...]
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