Le politique est à la pensée de Clausewitz ce que ce premier chapitre est à son traité, un ancrage conceptuel fondamental.
En effet, si De la Guerre constitue une référence majeure de la pensée militaire et stratégique, ce chapitre en est la quintessence. Les notes de Clausewitz attestent de ce fait : ce chapitre est seul à être considéré par son auteur comme véritablement abouti. D'autre part, il participe, de concert avec le livre VIII, de la finalisation conceptuelle, sinon du renouvellement, de la pensée clausewitzienne, intervenue peu avant son décès . Cette ultime avancée tendait à un recentrage sur la notion de guerre comme continuation du politique, comme sur la distinction des deux formes de guerre. En outre, cet extrait se distingue par son caractère « fondateur ». Non seulement, Clausewitz y détermine objet et méthode d'analyse, mais il y dégage les concepts fondamentaux de sa pensée comme les causalités nécessaires de sa théorisation… autant d'éléments propres à faire de ce chapitre l'axiome irréductible de l'ouvrage.
Aussi, l'étude de ce chapitre appelle-t-elle un double travail d'identification. S'il convient d'extraire les mécanismes et notions spécifiques à la pensée de Clausewitz, cependant, il est nécessaire de centrer l'analyse sur la considération toute particulière du politique et, par extension, sur la dialectique « guerre-politique » ainsi induite. Ce chapitre est un effort de clarification. Clausewitz met à jour des concepts auxquels correspondent des mécanismes. Ce schéma procède d'une théorisation, d'une abstraction apte à caractériser une logique globale… celle de la guerre. En effet, Clausewitz distingue la guerre par un mécanisme spécifique.
Il serait vain de tenter une synthèse du chapitre tant il est dense. D'autre part, point n'est besoin de revenir sur chaque concept et chaque étape de la démonstration. Aussi, est-il préférable d'en pénétrer la substance, par conséquent, d'en comprendre les mécanismes, en plaçant au cœur de l'analyse la dimension politique. Pour ce faire, la réflexion se doit de prendre deux directions connexes, soit l'étude de l'aspect « processuel » et celle de la dimension « interactionnelle », toutes deux intrinsèquement liées à la conceptualisation du politique chez Clausewitz.
[...] La guerre chez Clausewitz est un processus politique qui, bien que relevant d'une logique de violence, se déroule sur un mode décisionnel. Ce mode décisionnel est lui-même inséré dans un tissu d'interactions, directement liées à la nature dialectique de la guerre. Ce tissu est à son tour modulé par les logiques conflictuelles sus énoncées. La guerre relève d'un contexte spécifique : l'interaction. Le conflit est régi par le principe de confrontation de deux adversaires, eux-mêmes sont contraints par ce principe. [...]
[...] Le politique est alors le point d'inflexion : il régule les interactions stratégiques en maintenant une obligation de résultat. Il enracine les décisions et conduites successives dans la poursuite de l'objectif initial. C'est à ce titre que la politique semble se substituer à la guerre, laquelle n'apparaît alors plus qu'un instrument au service de cette dernière. Ce qui permet à Clausewitz d'affirmer la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens Le politique est le pivot de l'analyse de Clausewitz. Il confère un sens à la guerre autant qu'il la gouverne. [...]
[...] Carl Von Clausewitz, De la guerre. Livre premier chapitre1. Qu'est-ce que la guerre ? (Première édition 1832-34). Paris : Les Editions de Minuit pages 51 à 69 Le politique est à la pensée de Clausewitz ce que ce premier chapitre est à son traité, un ancrage conceptuel fondamental. En effet, si De la Guerre constitue une référence majeure de la pensée militaire et stratégique, ce chapitre en est la quintessence. Les notes de Clausewitz attestent de ce fait : ce chapitre est seul à être considéré par son auteur comme véritablement abouti. [...]
[...] Aussi, l'étude de ce chapitre appelle-t-elle un double travail d'identification. S'il convient d'extraire les mécanismes et notions spécifiques à la pensée de Clausewitz, cependant, il est nécessaire de centrer l'analyse sur la considération toute particulière du politique et, par extension, sur la dialectique guerre-politique ainsi induite. Ce chapitre est un effort de clarification. Clausewitz met à jour des concepts auxquels correspondent des mécanismes. Ce schéma procède d'une théorisation, d'une abstraction apte à caractériser une logique globale celle de la guerre. [...]
[...] Le mode dialectique sur lequel elle s'exerce oriente ce phénomène vers une logique hyperbolique. La violence est alors régie par un principe de montée aux extrêmes comme l'expose Clausewitz. Ce sont les deux premières actions réciproques. De l'interaction des adversaires, dans un contexte violent, naît un mouvement de surenchère des moyens tenant à la régulation des actions respectives par un principe de réciprocité, chacun des adversaires fait la loi de l'autre comme à leur alignement les unes sur les autres. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture