Dans cet ouvrage, André Comte-Sponville cherche à répondre en philosophe à l´épineuse question suivante : le capitalisme est-il moral ?
Pour cela, il propose une grille d´analyse originale, sur la base d´une distinction entre différents « ordres » qui structurent nos vies : l´ordre techno-scientifique, l´ordre juridico-politique, l´ordre moral, l´ordre éthique, et enfin l´ordre religieux pour les croyants. Chacun de ces ordres est agencé selon ses propres principes, mais peut aussi être « régulé » par les ordres qui lui sont supérieurs. Le capitalisme relève principalement du premier ordre.
Partant de là, Comte-Sponville met en garde contre la confusion et le mélange des ordres. Il propose une typologie des confusions : il met en évidence différentes formes de « barbarie » et « d´angélisme ».
Le présent document définit les différents concepts utilisés par l´auteur : une explication précise des différents ordres et des différents types de confusion. La compréhension de ces concepts est indispensable à l´intelligence de la thèse de Comte-Sponville, et permet de comprendre les conclusions abordées à la fin de cette fiche de lecture.
[...] Mettre l'homme au cœur de l'entreprise : cette idée relève d'une confusion des ordres. Vous voulez être humaniste ? Très bien. Mais ne comptez pas sur votre entreprise pour l'être à votre place. Il ne s'agit pas de mettre l'homme cœur de l'entreprise' (ou alors commencez par faire la révolution). Il s'agit de mettre l'homme au cœur de l'homme. L'humanisme est une morale, point une religion ni un système économique. Il ne vaut qu'à la première personne. Ne comptez pas sur lui pour conquérir des parts de marché ni pour apaiser les syndicats. [...]
[...] Ceci étant, il y en général, hiérarchie ascendante des primautés et enchaînement descendant des primats. L'argumentation est assez simple : l'individu aura tendance à privilégier, par exemple, l'amour pour ses enfants, relevant de l'ordre ; celui qui ne vit que pour l'argent est un pauvre type Les groupes ont moins besoin d'amour, et ce d'autant plus qu'ils sont plus grands : la force des groupes, c'est d'imposer une loi commune qui ne peut passer que par la raison Autres exemples de confusion : Le chef d'entreprise qui crée des emplois, est-ce moral ? [...]
[...] Par définition, le ridicule est la confusion des ordres, tandis que la tyrannie désigne un pouvoir non légitime dans un ordre. Comte-Sponville distingue deux types de tyrannies : La tyrannie de l'inférieur est la barbarie : elle consiste à soumettre ou réduire un ordre donné à un ordre inférieur Par exemple : la barbarie technocratique consiste à soumettre l'ordre la politique, aux experts de l'ordre l'économie : cela va à l'encontre de la démocratie, érigée en principe dans l'ordre n°2. [...]
[...] Mais ce n'est pas le cas, car un devoir d'aimer est un non-sens L'ordre de l'amour est donc, en quelque sorte, un prolongement de l'ordre de la morale. André Comte-Sponville propose, quitte à simplifier beaucoup, d'entendre par morale tout ce qu'on fait par devoir, et par éthique tout ce qu'on fait par amour v. L'ordre religieux : pour les croyants, ce cinquième ordre parachève la structure. André Comte-Sponville est connu pour être athée. Ce 5ème ordre ne fait pas partie de sa réflexion. [...]
[...] La morale n'est pas source de profit. Libéralisme ou ultralibéralisme : les ultralibéraux sont ceux qui croient que le marché suffit à tout. La difficulté, c'est que nous sommes tous, toujours, dans ces quatre ordres à la fois, et que rien ne garantit qu'ils aillent tous et toujours dans la même direction, soumis qu'ils sont à des principes de structuration interne différents et indépendants les uns des autres. Lorsque les quatre ordres concordent, tout est facile par exemple pour le chef d'entreprise qui peut faire des profits tout en respectant la loi et la morale. [...]
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