La pensée du chaos est complexe, car nous pensons biologiquement. Nous pensons en fonction de notre utilité. Ce qui est bon pour notre conservation est « pensable », ce qui nous est nuisible est « impensable ».
L'univers doit nous ressembler puisque nous en faisons partie : il doit répondre à nos lois, il doit être né, avoir vécu, viser à un équilibre, une fin.
Nous pensons dans un schème d'espace-temps. Nul homme ne semble exister hors du temps.
Tout être vivant est constitué de temps accumulé qui est le résultat des expériences de ses ancêtres ou de ses expériences propres. De même, vivre, c'est se constituer en centre de souveraineté, c'est-à-dire imposer sa puissance en lieu.
L'Eternel Retour est la pensée du devenir. Le devenir existe en tant qu'il est un retour éternel. L'Univers se produit dans un temps sans mémoire et dans une éternité d'oubli. L'univers n'est pas vivant, sinon, il se souviendrait de son vécu, et tenterait de l'améliorer. Il ne revit rien puisqu'il n'a jamais vécu et qu'il ne vivra jamais. Il est innocent : ce qu'il commence n'est qu'un recommencement, ce qui recommence n'est qu'un commencement.
C'est la probabilité indéfinie de son retour qui le fonde en liberté libre, cad en liberté qui n'obéit à rien, parce que rien ne peut le commander, parce qu'il n'existe pas de dominant ou de dominé.
« L'Univers serait création continue, succession infinie d'univers naissants partout et allant vers l'infini. »
Le devenir n'est ni réversible, ni irréversible. Le chaos n'est pas dans l'éternité et ne vise aucun état final. Le retour du devenir est de l'ordre de l'événement aléatoire, dont le temps ne peut jamais être la mesure.
Réintroduire le temps dans un chaos sans mémoire, l'évaluer, le soupeser dans une durée, fût-elle infinie, consiste, à l'humaniser.
[...] Le nihilisme, son état normal. Pour s'en protéger, l'espèce humaine a produit un type, un individu moyen, doté des meilleures qualités d'adaptation, robuste, résistant et aveugle sur sa propre condition. La décadence : Etre passif, vouloir le néant, haïr la vie. Le type est nécessaire et décadent. Il est le représentant de l'espèce humaine. A lui s'oppose l'être d'exception, le fort, qui est en lutte ouverte contre les valeurs du type. La lutte entre ces deux hommes est le moteur de l'histoire. [...]
[...] L'arme de Socrate : la dialectique. Elle voudrait ramener à la lumière pour mieux les détruire, les sens, les instincts. Elle voudrait par la force de l'intelligence, la logique implacable détruire l'animalité humaine. Etre obligé de lutter contre ses instincts, voilà bien la formule de la décadence : tant que la vie suit une courbe ascendante, bonheur égale instinct. Socrate c'est l'homme qui transforme l'ivresse dionysiaque en ivresse dialectique, ouvrant à la décadence une voie royale. Après Socrate, c'est un nouveau monde qui commence, mais plus triste, plus sordide, sans l'éclairage de sa lumineuse ironie, celui des esclaves retors et venimeux. [...]
[...] Il est de la vie à l'état pur. Ses fonctions et désirs se lisent à l'œil nu, il est une sorte de laboratoire in vivo qui permet de décrypter l'action de la volonté de puissance dans le vivant. Pour lui, la forme de l'autre est une forme ennemie qu'il s'agira de modifier pour la soumettre. La scission du protoplasme se produit quand sa force ne suffit plus à dominer le bien qu'il s'est annexé, la génération est la conséquence d'une impuissance. [...]
[...] Ils sont suffisamment forts. Il faut donc apprendre à être philosophe comme l'artiste qui crée des formes, philosophe comme l'homme religieux qui vibre aux émotions d'autrui, philosophe comme le savant qui s'exalte de sa propre logique. Et cet état de plénitude que nous donne cette philosophie, rachète de toutes les douleurs et de toutes les solitudes, car il nous convainc que nous sommes une œuvre d'art sans auteur dans un univers qui est une œuvre d'art qui s'engendre de soi-même. [...]
[...] Le devenir n'est ni réversible, ni irréversible. Le chaos n'est pas dans l'éternité et ne vise aucun état final. Le retour du devenir est de l'ordre de l'événement aléatoire, dont le temps ne peut jamais être la mesure. Réintroduire le temps dans un chaos sans mémoire, l'évaluer, le soupeser dans une durée, fût-elle infinie, consiste, à l'humaniser La volonté de puissance L'éternel retour du devenir serait incompréhensible si on ne reconnaissait pas à la matière une valeur qualitative : c'est la volonté de Puissance. [...]
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