Grand dramaturge du XVIIe siècle, Jean Racine s'est inspiré d'un épisode mythologique qui est la Guerre de Troie pour mettre en scène des personnages qui sont mêlés et déchirés par des passions, des conflits amoureux et ainsi contextualiser la souffrance que les personnages peuvent ressentir dans ces situations.
L'extrait proposé est un monologue du personnage Hermione, qui a subie l'infidélité de son mari Pyrrhus et qui se retrouve sous l'emprise d'une terrible souffrance et seule face à son destin tragique, désemparée. Comment Racine arrive t-il à exprimer la confusion des sentiments et la souffrance morale à travers le personnage d'Hermione ?
[...] (l.10), cœur s'intéresse pour lui ! (l.12). Hermione ne trouve qu'une seule issue à sa douleur, tuer l'Homme qu'elle aimait et qu'elle aime peut-être encore. Seulement face à cette décision, les hésitations se manifestent plus intensément. Les questions oratoires se multiplient sa mort sera l'effet de l'amour d'Hermione ? (l.30) Elles ont pour effet de déstabiliser les lecteurs et les spectateurs autant que le personnage pour qu'ils se sentent dans les mêmes conditions que Hermione, qui en quelque sorte interpelle ces derniers. [...]
[...] Elle adresse ses questions à une entité non humaine, peut être divine pour demander de l'aide. Le monologue renforce ce sentiment de solitude, de désarroi. Hermione compare sa colère à un orage ; il pense voir en pleurs dissiper cet orage (l.18) La souffrance intense qu'elle ressent se transforme en esprit de vengeance. L'expression que donne l'auteur à Hermione est marquée par des exclamations, des interrogations qui illustrent parfaitement l'état d'esprit du personnage dans ces circonstances : la confusion, la douleur, la vengeance : qu'il eût par mes larmes ? [...]
[...] Elle ne sait pas vraiment ce qu'elle éprouve envers Pyrrhus, de l'amour ou de la haine : Ah !ne puis-je savoir si j'aime ou si je hais ! (l.4) Mon lâche cœur s'intéresse pour lui (l.12) De plus l'auteur met en relief cette confusion en désignant Pyrrhus par des termes péjoratifs ; Le cruel ! le perfide (l.17) ou encore l'ingrat (l.25) mais aussi par des termes mélioratifs ; Prince par exemple l.31. Hermione désigne le plus souvent cet homme par le pronom Il ou lui qui prouve qu'elle ne veut susciter aucune affection envers l'Homme qui l'a fait souffrir. [...]
[...] Elle remet son destin aux mains d'un dieu, le libre arbitre parce qu'elle ne sait pas comment agir. Ce qui intensifie la douleur ressentie par celle- ci et que le lecteur arrive à percevoir. C'est donc à travers un conflit mettant en scène les passions amoureuses entre deux personnages et c'est en utilisant le registre pathétique que l'auteur, Racine, parvient à communiquer avec succès la douleur, le chagrin et la souffrance qu'un personnage peut ressentir lorsqu'il est mis face à son destin et qu'il se trouve désabusé par celui ou celle qu'il aimait. [...]
[...] Il juge encor de moi par mes bontés passées (l.21) Cet enchaînement de sentiments et d'intentions contradictoires ; l'amour, la haine, la vengeance, la vie, la mort illustrent la confusion à laquelle le personnage d'Hermione doit faire face. Ces sentiments et cette confusion qui s'installe même après l'infidélité de son mari prouvent qu'elle l'aime encore, que c'est un conflit amoureux auquel le personnage d'Hermione est confronté et qu'elle s'en trouve déchirée. Face à cette situation, Hermione est éprise d'une profonde souffrance qui favorise la confusion de ses sentiments. Effectivement, Racine fait paraître dans, cet extrait, une souffrance terrible à laquelle le personnage d'Hermione est confronté par l'intermédiaire du registre pathétique qui domine l'extrait. [...]
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