La Société du Spectacle, publiée en 1967 chez Buchet-Chastel, constitue sans conteste l'œuvre majeure de Guy Debord. Dans ce livre, Debord dégage les principales caractéristiques et les éléments constitutifs de ce qu'il nomme le spectacle, il présente les conditions qui ont précédé à sa formation, les conséquences déterminées par son existence, et la possibilité de son anéantissement par l'activité révolutionnaire du prolétariat
[...] La communication devient l'attribut exclusif de la direction du système. Les hommes sont séparés les uns des autres ; le spectacle, possédant ainsi le monopole de la communication, s'adresse aux individus isolés, ce qui donne pleine puissance à son discours. Le spectacle sélectionne par ailleurs des biens de consommation de l'automobile à la télévision renforcent cet isolement. De plus, il répand l'idée que toute vie sociale se résume à l'apparence ; il maintient ainsi les conditions de séparation entre les hommes, nécessaires à son propre maintien. [...]
[...] Avec la dissolution des communautés, la culture devient indépendante, et les créations deviennent individuelles. Ces dernières arrivent toujours trop tard pour redevenir un langage commun. Dans sa fuite en avant à la recherche de l'unité perdue, la culture avance vers sa propre dissolution. En effet, la culture est une activité séparée du reste de la société ; sa propre existence est donc en contradiction avec le but qu'elle poursuit, et qui est l'unité de cette société. L'art, quand il se rend compte que sa fin est proche, exprime à la fois l'exigence de son propre dépassement, et l'impossibilité de ce dépassement dans une société où l'histoire n'est pas encore vécue. [...]
[...] Elle doit au contraire accoucher d'une société dans laquelle l'histoire est vécue, et non plus subie, par ceux qui la produisent. La mesure sociale du temps doit disparaître dans une telle société, où le temps serait mesuré par chaque individu selon l'intensité avec laquelle il le vit. C'est seulement dans un tel contexte que la réalisation de l'art et de la philosophie deviennent possibles. Cette formule obscure signifie seulement que les sentiments que cherche à provoquer l'art et les concepts que cherche à définir la philosophie seront directement vécus dans l'action consciente des individus, et non plus représentés de façon purement unilatérale. [...]
[...] Ce serait un contre-sens total que de faire passer ce livre pour une dénonciation des méfaits de la télévision. Le spectacle est fondé sur la division du travail social, et sur l'aliénation qui en résulte. La séparation Reprenant l'analyse classique de la philosophie allemande, Debord considère que la force de travail des hommes leur est arrachée par le processus de production, et que la séparation de l'homme et de son produit est à la base de toute société de classe. [...]
[...] Le temps irréversible dominant Le temps de la production des marchandises, lorsqu'il commence à supplanter le temps du travail de la terre, montre son caractère irréversible. En effet, ce temps commence à transformer les conditions historiques, fondant la domination de la bourgeoisie, déjà maîtresse de la production des marchandises, et régnant désormais sur l'ensemble de la société. Voilà pourquoi la bourgeoisie est la première classe dominante à considérer le travail comme une valeur positive. L'histoire est désormais produite par les travailleurs, mais confisquée par la bourgeoisie, qui la consacre entièrement à la production des marchandises. [...]
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