Les Essais, Montaigne, De l'Amitié, Etienne de La Boétie, éloge de l'amitié
L'essai intitulé « De l'Amitié » se situe dans le livre I des Essais, le chapitre XXVIII. Il constitue le pivot de l'œuvre, avec le texte écrit par Etienne de La Boétie. En effet, Montaigne a commencé à rédiger ses Essais en 1572, avec pour objectif premier de présenter l'œuvre essentielle de feu son ami La Boétie. « Parce que c'était lui, parce que c'était moi ».
On observe une réelle implication sentimentale de l'auteur quand il rend hommage à son grand ami, décédé en 1558, dans l'éloge de leur amitié qu'est cet essai. Cet essai est particulier, car il est plutôt à comprendre en tant que poème en prose, en raison de la fonction poétique du discours dans un lyrisme non recherché, marque de l'amitié infinie.
[...] La thèse d'Aristote, dans Ethique à Nicomaque, a inspiré Montaigne quant au sujet de l'amitié. Pour le philosophe grec, l'amitié se caractérise par la présence d'une même âme, mélange de celle de deux personnes, où chacun se donne en entier à l'autre, dans une confiance absolue. Ainsi, on ne peut avoir qu'un seul véritable ami Celui qui a beaucoup d'amis, il n'a pas d'amis En outre, l'amitié est rare et recherchée, avec trois caractéristiques: la vertu, qui est une disposition permanente entretenue activement, une bienveillance réciproque car l'amitié est un choix libre et une décision partagée, l'autre est aimé pour lui-même, et non pour bénéfices qu'on peut en retirer. [...]
[...] Conclusion : Montaigne, en écrivant De l'Amitié affirme sa thèse quant au lien d'une extrême exigence qu'est l'amitié, et les caractéristiques qu'elle peut prendre. Au regard des thèses d'autres auteurs, précédant ou suivant Montaigne, on remarque que les grands traits de définition sont les mêmes. Toutefois, on remarque que la définition que font Montaigne ou encore Aristote de l'amitié présente des failles et des limites, et qu'il apparaît ainsi comme nécessaire de les replacer dans leur contexte historique, pour ensuite les adapter. [...]
[...] Paul Ricœur partage avec Kant l'obligation morale indissociable de l'amitié, ainsi que la vision d'Aristote, celle que cette bienveillance partagée est la forme la plus aboutie de l'humanité. L'amitié rend ainsi heureux, en étant le bonheur même. On observe ainsi que les théories sur l'amitié, de l'Antiquité à notre époque, sont toutes exigeantes quant à sa définition. Avis personnel à la lecture Je trouve la thèse de Montaigne intéressante du point de vue de l'exigence qu'il faut avoir dans l'élection amicale. Toutefois, placer l'œuvre dans son contexte temporel paraît nécessaire pour comprendre les excès de cette thèse. [...]
[...] Je pense que l'amitié défendue par Montaigne est exceptionnelle et extrêmement difficile à trouver, car elle nécessite le mélange complet de deux âmes, de tout prendre chez l'autre et de tout donner. Il faut alors assouplir la définition pour que l'amitié soit possible. Je ne pense pas que l'amitié soit illégitime lorsqu'elle est partagée entre davantage de personnes, car un individu peut difficilement remplir toutes les attentes et les exigences d'un autre individu, et cela peut se faire au travers de plusieurs amitiés, liées pour des raisons différentes. [...]
[...] De plus, l'amitié selon Cicéron est une nécessité naturelle. En effet, l'émotivité est une caractéristique naturelle de l'homme qui le distingue des êtres inanimés. Il existe, en outre, une loi de la nature selon laquelle les semblables s'attirent. Enfin, l'importance du choix des amis, qui doivent aussi être vertueux, est mis en avant. C'est pour aider les vertus que l'amitié a été donnée par la nature, non pour accompagner les vices. Cicéron établit une identité de nature entre l'amitié et l'amour. [...]
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