Althusser, Philosophie et Idéologie (résumé de conférence)

Résumé du document

Résumé d'une conférence d'Althusser datant de 1976.

Extraits

[...] Althusser présente ainsi la philosophie comme quelque chose de lié à l'idéologie, celle-ci envisagée dans un sens amplement négatif. Il s'agit pour ce penseur marxiste de distinguer le marxisme de la philosophie, afin d'en extirper le côté sombre que représente à ses yeux l'idéologie Althusser passe un peu vite sur Matérialisme et Empiriocriticisme de Lénine qui a quelques caractéristiques le rapprochant fortement de la littérature philosophique. Il omet aussi cet hommage de Lénine envers Plekhanov et son œuvre philosophique : "Il me semble opportun de remarquer . [...]

[...] Pourquoi la philosophie a-t-elle besoin d'exister comme discipline distincte ? Alors qu'elle ne fait rien d'autre que de parler des autres disciplines Car si la philosophie éprouve le besoin, mieux, se charge de la mission de parler, et de consigner ce qu'elle a à dire dans des traités séparés, identifiables, c'est qu'elle considère, dans sa conviction historique, qu'elle a une tâche irremplaçable à accomplir, qui est de dire la Vérité sur toutes les vérités, sur toutes les pratiques et toutes les idées humaines. [...]

[...] Retour au paradoxe La philosophie marxiste existe alors qu'elle n'a pas été produite comme philosophique au sens que nous venons d'analyser. Sur l'ensemble des ouvrages de Marx, pour toute philosophie, on ne trouve que quelques braves phrases fulgurantes et énigmatiques des ‘Thèses sur Feuerbach' qui annonçaient une philosophie qui n'est jamais venue. L'Idéologie Allemande est une critique des philosophes néo-hégéliens qui rejetait toute philosophie dans le néant de l'idéologie. Il y a aussi dans la Postface à la Seconde Édition Allemande du Capital quelques allusions à Hegel. [...]

[...] Mais ce qui distingue Marx, c'est de montrer que la philosophie ne fait pas entrer n'importe comment les pratiques sociales sous l'unité de la pensée. Le monde que construit la philosophie est un monde mis en ordre. Il existe une hiérarchie significative. Pour faire apparaître la Vérité qu'elle veut imposer au réel, la philosophie est obligée d'inventer des ‘objets philosophiques', qui n'ont aucun référent empirique : -La Vérité, le Tout, le Cogito, le Sujet Transcendantal, etc. Ceux-ci n'existent en fait que dans la philosophie et c'est sur eux que la philosophie travaille interminablement. Pourquoi la philosophie continue-t-elle alors à survivre ? [...]

[...] Grossièrement, on peut dire : Selon les philosophes, les hommes vivent, soumis aux lois de la pratique sociale, et ne le savent pas. Bien heureusement, les philosophes sont là pour détenir la vérité. Or, l'irruption de la pratique, c'est la dénonciation de cette prétention. C'est contre la prétention de la philosophie d'embrasser le Tout. C'est contre la prétention de la philosophie de n'avoir pas de dehors. Ce dehors, que la philosophie veut se donner l'illusion de soumettre à la vérité, c'est la pratique. [...]