Les malheurs du corps ne commencent pas avec le christianisme, elles sont bien antérieures à cette religion. Ils proviennent de deux constats fondamentaux. L'homme n'est pas une unité, mais un composé hétérogène d'âme et de chair, et en second lieu, ce composé est mortel. Comme l'âme est d'ordre spirituel par essence, elle ne peut pas être sujette à cette déchéance absolue qu'est la mort ; c'est donc le corps qui est responsable de cette absence d'immortalité dont rêvent tous les hommes. Tous les penseurs se heurtent à ce « raté » qu'est la nature humaine. Ou bien, ils essaient de trouver une explication où ils traitent le problème en le niant. Saint Augustin est « l'inventeur » du péché originel, que bien de ses successeurs ont placé dans la corporalité de l'homme, sauvant ainsi la pureté immortelle de l'âme.
[...] Le corps est un produit comme un autre. S'il vient à manquer, on l'achète à une mère porteuse qui n'est rien de plus qu'un ventre de location aussi anonyme qu'un appartement dans un HLM. Tous les locataires ne sont que des locataires, pourquoi seraient-ils des personnes avec une histoire, pire avec un cœur ? Tout cela n'est aux yeux des techniciens de la biologie qu'épiphénomènes négligeables. La science est devenue la divinité absolue de notre époque avec ses prêtres revêtus de la même infaillibilité que le clergé des temps passés. [...]
[...] On évite ainsi le corps qui n'est que l'habillage aléatoire des circuits électroniques. En faisant de l'homme une machine comme une autre, on lui interdit de donner une signification à lui-même, à son vécu, tout est au niveau informatique sans hiérarchisation. Curieusement le vocabulaire n'a pas suivi les découvertes de la cybernétique. On continue à parler d'intelligence, et d'esprit comme si l'on pouvait concevoir des entités hors du corps. De plus, on déduit le fonctionnement humain de celui de la machine. [...]
[...] Hitler pensait de même. L'eugénisme est une déviance endémique de la pensée scientifique qui profite aux marchands de bien-être. Tout se passe derrière une devanture de bienséance où la voracité profiteuse est enveloppée d'arguments frelatés sur la santé et le bonheur. Nous voulons un monde parfait, en entendant par là un monde où rien ne heurte, une espèce d'univers lisse dans lequel toutes aspérités comme les maladies et les malformations sont balayées. Pourquoi prendre les risques d'un avortement ? Il est plus facile de tuer l'enfant hors du ventre de la mère s'il n'est pas dans les normes de la société. [...]
[...] L'effort est aboli, considéré comme un handicap à la liberté. Pourquoi faire l'effort de respecter le corps de l'autre si la chimie permet de satisfaire les fantasmes par des pilules ? Il serait peu charitable de faire d'un enfant un fantasme à satisfaire, même si dans certains cas de fécondation naturelle ou artificielle cela peut être le cas. Un gynécologue marseillais affirmait à la radio que les mères porteuses et le fœtus n'ont aucune relation autre que physiologique. Un autre affirmait que l'avortement ne pose aucun problème moral puisque le fœtus n'est qu'un amas de cellules. [...]
[...] L'Adieu au corps de Philippe Lebreton Les malheurs du corps ne commencent pas avec le christianisme, elles sont bien antérieures à cette religion. Ils proviennent de deux constats fondamentaux. L'homme n'est pas une unité, mais un composé hétérogène d'âme et de chair, et en second lieu, ce composé est mortel. Comme l'âme est d'ordre spirituel par essence, elle ne peut pas être sujette à cette déchéance absolue qu'est la mort ; c'est donc le corps qui est responsable de cette absence d'immortalité dont rêvent tous les hommes. [...]
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