« On peut bien connaître l'existence d'une chose sans en connaître sa nature ». Cette citation de Pascal, nous suggère qu'il est possible de se représenter une chose, c'est à dire de s'en faire une idée claire, sans pour autant en appréhender tous les caractères constitutifs, ceux qui la définissent en tant que tel.
Ce qui pose le problème de savoir si le fait d'être capable de se représenter une chose permet d'en avoir une idée vraie, et par-là de connaître celle-ci dans sa totalité. Si en quelque sorte, il peut y avoir une adéquation complète entre une chose et la représentation que l'on s'en fait, ou bien si nos représentations des choses ne peuvent être qu'anamorphoses de la connaissance de celles-ci. En définitive, de comprendre jusqu'à quel degré de connaissance d'une chose nous amène la représentation que l'on s'en fait.
Afin d'appréhender ce problème, nous pouvons, envisager sous trois aspects les représentations permettant de « connaître », de la manière la plus déterminée possible. Ce que nous pouvons qualifier d'idées vraies. D'une part, les représentations intuitives que nous avons du monde ; représentations relevant de la perception élevées au rang d'idées par la faculté d'analyse de notre entendement. D'autre part, les représentations symboliques qui ne relèvent que du travail de l'entendement. Puis de faire une place aux représentations, à la fois intuitives et symboliques, que notre imagination peut nous donner des choses, car c'est peut-être là, la clé de l'adéquation entre l'idée que l'on se fait d'une chose et la chose elle-même, de la possibilité ou de la non-possibilité de se représenter une chose dans sa totalité.
[...] Evidemment fausse, cette représentation ne peut être adéquate. Néanmoins l'imagination nous amène-t-elle toujours à avoir des représentations fausses de notre connaissance ? L'idée d'infini dans le cadre des mathématiques semble susceptible d'éclairer cette question. En effet, nous savons que cet infini existe, nous en avons la connaissance, mais celle-ci est incomplète, car comme nous l'avons déjà suggéré l'infini demeure impalpable par définition. Toutefois par l'activité de l'entendement nous en avons une idée claire, distincte, et même symbolique. D'ailleurs pour se le représenter, nous utilisons de nombreux signes que se soit pour l'infini lui-même, ou encore ou π, pour les nombres irréels Représentations qui ne sont que des opérateurs mathématiques offrant la possibilité de se servir scientifiquement de ces concepts d'infini, elles ont une utilité scientifique. [...]
[...] En effet, une chose n'est pesante ou légère que par rapport à notre capacité physique de la déplacer. La même chose est, de part la diversité physique de chacun, plus ou moins lourde. Du coup, on ne peut avoir une idée vraie des qualités de pesant ou de léger, car la représentation que l'on s'en fait est propre à chaque individu et non universelle. Et par-là même, ces représentations ne permettent pas une réelle connaissance de ces qualités. Par ces deux exemples, il apparaît que les perceptions que nous avons des choses ne se suffisent pas à elles-mêmes pour donner corps à des représentations adéquates de celles-ci. [...]
[...] Néanmoins, représenter symboliquement une chose, ce n'est pas se la représenter, en avoir une idée, peu importe son degré de clarté d'ailleurs. C'est prendre appui sur les sens afin de se représenter une connaissance abstraite, par le biais du travail de synthèse de l'entendement. Un État n'est donc pas une chose palpable, et pourtant on peut le connaître. La connaissance du concept d'État se fait hors de la sensibilité, elle est le fruit de l'histoire des civilisations et de leur organisation en tant que société. Mais connaître ce qu'est un État permet- il de se le représenter de manière objective ? [...]
[...] Dans ce cas, c'est le cheminement inverse qui se produit. Connaître ne permet pas de se représenter, par contre se représenter, se faire une idée d'une entité abstraite, suppose d'établir des représentations symboliques permettant de connaître. Mais cette connaissance reste bel et bien subjective, car encore une fois il y a inadéquation entre la chose et la représentation que nous nous en faisons. En ce qui concerne les idées symboliques que nous avons des choses, une place doit être faite, semble-t-il au raisonnement mathématique au sens large du terme. [...]
[...] Et par conséquent, il s'avère que connaître c'est effectivement se représenter l'objet de notre connaissance, mais toujours de manière plus ou moins adéquate. Bibliographie : En quoi connaître c'est se représenter Blaise Pascal, Pensées, fragment 397. John Locke, Essai sur l'entendement humain, Livre II, chapitre 4. René Descartes, Méditations métaphysiques II Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, Partie Esthétique transcendantale Gottfried Wilhelm Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement humain Aristote, Physique, (Le bouc-cerf »est un exemple fréquemment utilisé par Aristote pour indiquer une chose imaginaire sans aucune réalité) Euclide, Eléments, Définition du triangle. [...]
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