Passion, vertu, Thomas d'Aquin, Somme théologique, perfection ontologique, vertus cardinales, vertu intellectuelle, vertu morale, prudence, appétit sensitif
La personne humaine est un être naturellement complexe. Évoquer la question des passions et des vertus, c'est évoquer cette complexité de l'être humain. Dans la Somme théologique, Saint Thomas d'Aquin étudie la question des passions et des vertus de façon experte.
En effet, les passions sont des passions de l'âme et sont divers mouvements de l'appétit sensitif. Quant aux vertus, elles sont aptitudes à vouloir et à accomplir le bien tout en fuyant le mal. Nous allons essayer de découvrir les passions et les vertus chez saint Thomas d'Aquin, tout en mettant en exergue les liens et les distinctions qui existent entre elles.
[...] Cette hiérarchie de la perfection ontologique est profondément présente dans l'anthropologie de Saint Thomas. Chez celui-ci, nous découvrons qu'il y a une relation entre passions et vertus sans qu'il ne soit question de réduire la vertu à la passion ou la passion à la vertu. Par exemple, entre la passion de l'espoir et la vertu théologale d'espérance, on voit clairement un rapport d'analogie, même si la passion de l'espoir concerne le bien sensible et que la vertu théologale d'espérance concerne le bien spirituel. [...]
[...] Rappelons que le dualisme cartésien fait une distinction entre l'âme et le corps. Les passions de l'âme correspondent à des émotions. Descartes les définit comme des sentiments de l'âme provoqués par des « esprits ». Il ne rejette pas les passions et considère qu'elles jouent un rôle bénéfique dans la vie de l'homme. Il trouve que la passion de l'admiration, par exemple, engendre comme dérivés le mépris et l'estime. Mais la générosité est la passion la plus valorisée chez lui pour ce qu'elle confère à l'homme. [...]
[...] Selon l'encyclopédie philosophique dirigée par Sylvain Auroux et publiée sous la direction d'André Jacob, la passion se comprendrait et se dirait en quatre sens, à savoir : « 1) pour l'altération qualitative, par exemple pour un sujet qui devient blanc ou noir ; en considérant d'un point de vue absolu la qualité ainsi acquise par l'altération, par exemple le réchauffement ou le refroidissement : c'est alors la catégorie de passion ; en incluant une appréciation péjorative ou un aspect de regret, ainsi chez un sujet qui devient malade, devient un « patient » ; sous cette acception que le patient guérisse, ce n'est pas une passion ; perturbation consécutive à l'importance d'un fait ou d'une émotion, même si c'est de soi excellent, ainsi un grand succès, une grande joie ». René Descartes a travaillé sur les passions de l'âme plusieurs siècles plus tard après Thomas d'Aquin. Pour lui, l'âme est une chose qui pense et les passions sont liées à l'âme : ce sont les passions de l'âme. [...]
[...] Avant lui, le bonheur dans l'activité vertueuse parfaite est la dimension téléologique qui caractérisait la prudence chez Aristote. La prudence délibérait des moyens de l'action en fonction de cette fin dernière de l'homme qu'est le bonheur. Thomas d'Aquin retient cette perspective téléologique aristotélicienne, mais change profondément son contenu et sa signification. La fin dernière de l'homme connaît ainsi un changement radical. Un changement remarquable va désormais marquer la conception de la prudence. Il s'agit de l'envisager dans un cadre éthique théologique. [...]
[...] On découvre ainsi que toutes les passions ont pour origine l'amour ou la haine et la joie ou la tristesse. Par ailleurs, on pourrait ajouter que dans chaque couple de passions contraires, celle relative au bien précède celle relative au mal. Pourquoi ? La raison serait que le bien précède naturellement le mal et que le mal n'est que la privation du bien. Du coup, l'amour précède la haine, le désir précède l'aversion et la joie précède la tristesse. En outre, le bien est une fin. [...]
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