Ce document est une analyse complète et originale du travail d'un artiste engagé, Nan Goldin, en dialogue avec l'histoire et l'actualité des arts et de la philosophie.
Dans la première partie de ce travail, la présentation évoque la photographie comme un moyen de survie pour Nan Goldin, et dans la seconde partie, sera abordée la figure de l'artiste révolté.
Le document contient une bibliographie de dix références et sources fiables et différentes.
[...] Plus encore, Nan Goldin prend conscience de la portée de ses photographies dans leur ensemble: en dépassant sa recherche de catharsis, la photographe se positionne comme un témoin dévoilant des questions sur le genre, sur la sexualité, qui restaient scrupuleusement ignorées par l'ensemble de la classe politique, peu intéressée par les revendications LGBT de l'époque. Si l'on extrapole sur l'idée de Schiller concernant l'exercice de soi qui amène l'homme singulier à « s'élever » via l'expérience esthétique, qui se retrouve alors éduqué esthétiquement parlant, on peut dire qu'il peut ainsi participer aux revendications civiques et morales de l'Etat, qu'il a les moyens de former un « horizon commun » pour tous. L'art serait ainsi un moyen de « compensation », par l'expérience du goût, du Beau, face aux maux de la société. [...]
[...] En un sens, on peut se demander : la prétention informative des travaux de Goldin repose-t-elle sur une idée d'« éducation esthétique » comme en parlait Schiller ? Via l'art, est-il possible de former l'homme à être citoyen raisonné et capable d'autonomie ? Est-il également possible de résoudre les questions et autres maux de la société ? En présentant The Ballad of Sexual Dependency, la photographe se posait au départ en spectatrice d'un univers intime afin d'explorer une problématique très personnelle, sans pour autant y impliquer une portée politique. [...]
[...] Suite au suicide de cette dernière à l'aube de ses 18 ans, Goldin explique qu'en cherchant des photographies la concernant, elle s'est rendue compte qu'elle n'en avait pas, ou très peu. Son travail de photographe part ainsi d'un constat simple : la tragédie vécue s'installe comme point de départ de la création d'une œuvre artistique. En photographiant sans relâche le monde qui l'entoure, Goldin cherche à inverser l'impact de cet évènement traumatique, dès ses 11 ans, en capturant les souvenirs sous forme palpable, réelle, afin de créer une « seconde mémoire », comme elle aime l'appeler, une sorte de « mémoire volontaire », consciente et active dans sa représentation du monde. [...]
[...] Que le sujet en soit la mort ou non, toute photographie est cette catastrophe. » Aujourd'hui connue pour ses photographies intenses qui « montrent de façon crue et directe des sujets en souffrance, sujets tragiques mais parfois vivants et joyeux, qui font face, selon l'expression de Lacan, à leur « douleur d'exister »», Goldin met ainsi en place un protocole de recherche, de mise en perspective d'une mémoire perdue à travers l'inéluctable mort, de façon à retrouver cette sœur disparue brutalement et dont l'image n'a pas été fixée dans son entièreté : la photographie est par conséquent, pour elle, un lieu, une passerelle qui nous permettrait de recouvrer la figure des disparus et de les conserver pour toujours. [...]
[...] » A travers ses clichés, Goldin met en avant la question esthétique de la mort, de la fuite du temps et de la conservation de la mémoire, thématiques qui se présentent comme d'importantes préoccupations relatives à l'humanité en général ; et Nietzsche de préciser, « l'art assume accessoirement la tâche de conserver l'être, même de rendre un peu de couleur, à des représentations éteintes et pâlies ; il tresse, quand il s'acquitte de cette tâche, un lien autour de siècles divers et en fait revenir les esprits. » De cette façon, l'artiste emploie son propre langage pour parler au monde entier d'un thème universel. Son style, selon l'idée de Camus dans L'homme révolté, « donne sa loi au monde » et intensifie la qualité d'artiste « révolté » qu'on retrouve notamment chez Goldin. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture