Dissertation de philosophie sur les différences conceptuelles liées à la liberté et la contrainte, ayant pour sujet : Obéir, est-ce être soumis ? Le corrélat personnel de l'obéissance est souvent confronté à la raison du devoir par un jeu de contradictions inhérentes au rapport entre le soi et le non soi. De fait, il convient de s'interroger sur la dualité effective, modérée et / ou réductrice des termes afférents à l'obéissance. Pour autant que la soustraction de l'individualité isole le caractère unitaire du sujet, l'aspiration à un état sans franchise nous amène à considérer la légitimité du rapprochement sémantique entre soumission et respect d'un mandat, que ce dernier soit le fruit d'une imposition ou l'essence de l'autonomie.
[...] L'homme est dans un état de soumission permanent. Cette réalité mise en évidence précédemment ne se suffit pourtant pas à elle-même dans la mesure où la soumission ne constitue que le principe déterminant la réactivité du sujet. Celui-ci se trouve alors confronté à deux options : il peut accepter son état de soumission par crainte de représailles, le cas échéant, ce qui n'est véritablement la réponse d'un homme doté de raison, mais plutôt une acceptation par défaut, sans remise en cause de la contrainte externe. [...]
[...] Chacun comme tous soumet sa liberté. S'il est possible d'interpréter la soumission en tant que situation conflictuelle entre plusieurs individus, dans une optique où l'absence d'équilibre représente effectivement un état dissymétrique sujet à toute mesure d'opposition d'intérêts de droit propres, l'obéissance s'inscrit quant à elle dans un esprit plutôt que dans un topos relationnel. Si j'obéis, j'agis. Si j'agis, j'existe. L'hypostase du sujet dans l'obéissance conditionne un nécessaire aspect différentiel vis-à-vis d'un correspondant externe ou interne, à l'origine de la concrétisation intellectuelle du jeu de contraintes. [...]
[...] L'obéissance apparaît dès lors comme la réponse à une contrainte ayant été intériorisée par le sujet. En me projetant en moi-même ou en projetant la volonté de l'autre en moi, je crée la prémisse de l'obéissance. Ceci n'implique néanmoins pas une double limitation systématique de mon droit. Si en obéissant à une contrainte externe je me place effectivement en situation de respect et d'acceptation de ce qui m'est imposé, il serait réducteur d'y associer une conséquence défavorable à ma liberté. [...]
[...] En réalité, les rapports entre les individus s'inscrivent dans une inégalité non stricte de domination et de coopération. Deux identités formant un duet relationnel sont donc systématiquement l'objet d'influences et de soumissions exercées l'un par l'autre et l'un sur l'autre. Lorsque je suis soumis à un impératif de production par mon maître, je soumets également mon maître à une attente de ma reconnaissance de mon état d'assujettissement et à l'éventualité d'un refus d'obtempérer aux conditions et conséquences attendues de ma soumission. [...]
[...] Nous ne pouvons pour autant concéder à l'état sauvage un attribut quelconque de liberté, puisque celle- ci requiert sa négative dans les limites mêmes de sa définition. Certes, l'animal errant pourrait être déclaré libre, en tant qu'il est apparemment le propre maître de ses décisions. Mais n'était alors jamais confronté à une soumission externe, il ne peut véritablement réaliser sa liberté. Ainsi en peut-il également aller pour l'homme sauvage, tel l'Enfant sauvage, rapporté par les chroniques d'un médecin du XIXe siècle, qui ne suivait que des nécessités instinctives figées dans l'instant. La liberté apparaît dans la durée et l'existence solitaire ne peut bénéficier à son expression. [...]
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