L'angoisse est un concept clé de la philosophie d'Heidegger. Elle est une expérience que tout un chacun fait. Cependant, elle monopolise l'attention de l'esprit et rend la vie quotidienne difficile à mener, voire impossible. Comment alors est-il possible de vivre dans l'angoisse ? Si, dans un premier temps, on peut envisager la quotidienneté et l'angoisse comme deux modes d'existence opposés, pour autant, il s'agira de montrer que l'intention de Heidegger n'est pas de favoriser un choix.
[...] Face à ce néant, le Dasein perd ses repères et ses habitudes, établis dans la vie quotidienne. Pour illustrer ce phénomène, Guillaume Fagniez prend l'image d'un tissu aux motifs répétés pour symboliser la quotidienneté, que l'angoisse déchire : « En (l'angoisse), le tissu de significations dont les motifs répétés font la familiarité du monde se déchire : l'étant ne « dit » plus rien, aucune chose du monde ne se prête plus au jeu rassurant du sens mais, au-delà d'elles, le monde lui-même inflige sa blessure »3. G. FAGNIEZ, « Angoisse » in P. ARJAKOVSKY, F. [...]
[...] Cependant, elle monopolise l'attention de l'esprit et rend la vie quotidienne difficile à mener, voire impossible. Finalement, l'angoisse et la quotidienneté sont comme deux aimants qui s'attirent et se rejettent, dont le mouvement est motivé par l'enjeu que représente l'être, et surtout, la mort. D'un côté, c'est la question de l'ouverture du Dasein qui est posée ; de l'autre, celle de la possibilité de mener son existence. S'agit-il pour Heidegger d'une alternative entre deux modes d'existence, le premier dans le vrai, le second dans l'erreur ? [...]
[...] Néanmoins, cela ne signifie pas que le Dasein ignore complètement la réalité de la mort, puisqu'elle est seulement occultée. La mort fait en effet partie de la réalité quotidienne. Dans quelle mesure l'être quotidien peut-il connaître la mort ? II. De la certitude de la mort à l'être-certain de la mortIl faut dans un premier temps dépasser ce qui apparaît être une contradiction entre la quotidienneté et l'être, ou la quotidienneté et la mort, grâce au concept de la connaissance de la certitude de la mort. [...]
[...] FRANCE-LANORD (dir.) Le Dictionnaire Martin Heidegger. Vocabulaire polyphonique de sa pensée., Paris, Les éd. du Cerf p D'après son analyse, c'est bien la nature même de l'angoisse, en tant qu'elle se fonde sur le néant, qui brise la quotidienneté, en tant qu'elle est fondée sur les choses familières. En conséquence, l'angoisse rend toute vie quotidienne impossible à cause de la contradiction entre l'angoisse, indéterminée, et la quotidienneté, déterminée par les choses concrètes et leur mode d'usage. C'est même ce contre quoi l'angoisse se dresse, attendu que la quotidienneté occulte l'être du Dasein et qu'elle, à l'opposé, l'ouvre. [...]
[...] Ainsi, les choses se manifestent par leur utilité, sur un mode concret et déterminé pour tout le monde, et la quotidienneté se caractérise par le mode de l'usage. Contrairement à Husserl, Heidegger défend le primat de la main sur les yeux, car les choses ne se donnent pas avant tout par la perception, mais par l'usage, de telle sorte que la chose disparaît derrière son usage. Pour illustrer cette thèse, il prend l'exemple du marteau qui se dévoile par son usage, et non par la perception : « [ ] moins la chose-marteau est simplement « regardée », plus elle est utilisée efficacement et plus originel est le rapport à elle, plus manifestement elle fait encontre comme ce qu'elle est — comme outil. [...]
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