Vertu de la richesse, richesse, vice, mérite, travail, principe actif de vertu, richesses morales
Nous avons coutume de considérer la richesse comme la possession d'une quantité importante de biens d'une grande valeur, en nature comme en argent, d'en faire le synonyme du luxe, de l'ostentatoire, de l'abondance. Par conséquent, la vertu, que nous définissons souvent comme une valeur morale intrinsèque à notre conception de la sagesse et de la raison, et dans laquelle nous plaçons la générosité, la tempérance, le courage, la justice ou l'humilité, nous apparaît comme l'exact opposé de la richesse. La vertu, force morale avec laquelle l'être humain tend au bien, ne peut se trouver dans la richesse, qui tend bien trop souvent à l'assouvissement des désirs, au vice, à une conduite déraisonnable et à des actes qui ne sont pas toujours pensés à leur juste mesure.
[...] La vertu est une fin, la richesse un moyen : par essence, elles sont donc différentes. La vertu ne regarde pas du côté des faits et de leur complexité, mais du côté de l'agent et de ses dispositions : pour cela, Aristote donne l'exemple de l'amitié vertueuse et de l'amitié utile. En effet, l'amitié vertueuse cherchera à s'attacher à la personne, sans rien essayer d'y gagner, tandis que l'amitié utile cherchera dans l'amitié un agrément ou un service. La richesse est un moyen d'arriver à la satisfaction de nos désirs ou de nos besoins, suivant notre degré de richesse. [...]
[...] Le travail est donc, en quelque sorte, l'expression d'une certaine vertu de la richesse ; ou plutôt d'une richesse vertueuse, car respectant la volonté de Dieu. De même, Marx, dans les Manuscrits de 44, voit dans le travail l'essence universelle de la richesse lorsqu'il est élevé comme principe : le travail permet l'accès à la propriété privée, et celle-ci est le symbole de la richesse matérielle. Seulement, Marx remarque que la morale de l'économie politique est le gain, le travail et l'épargne, la sobriété et que l'économie de la morale est la richesse acquise en bonne conscience et la vertu. [...]
[...] Celui qui refuserait de le faire contrarierait la volonté divine. De plus, le principe de la prédestination, qui fait que nous sommes, dès notre naissance, destiné au Ciel ou à l'Enfer, quelle que soit notre vie future, permet de se mêler aux métiers d'argent sans crainte d'un châtiment céleste. La morale protestante permet un certain ascétisme qui discrédite le désir de richesse et s'oppose à la jouissance immédiate, et déculpabilise ce désir de richesse dans sa légitimation, car il se voit libéré de toute inhibition. [...]
[...] Pour ce faire, il suppose une juste mesure entre l'excès et le défaut, là justement où la richesse pèche le plus souvent : soit elle vire à la recherche éperdue du profit, soit à l'avarice. L'homme vertueux, c'est celui qui éprouve les émotions dans une juste mesure ; la vertu, ce n'est pas le luxe, l'étalage du superflu, ni la pauvreté, mais l'économie, la tempérance, la droiture qui ne tombe pas dans l'opportunisme, prête à gagner toujours plus au gré des occasions ; la vertu, c'est la prudence aussi qui ne se lance pas dans des spéculations effrénées qui ne peuvent, au final, qu'être dangereuses. [...]
[...] Ainsi, Platon affirme qu'il faut avant tout paraître être juste, avant de l'être : car on peut l'être et subir les pires infamations, et être injuste et être acclamé pour avoir agi d'une manière qui paraissait juste dans un cadre donné. La société ne gardant que le type d'homme sachant paraître vertueux et elle le saura en tant qu'il paraît juste ces gens éduqués par des hommes disposant d'une richesse morale par succession vont se retrouver mis à plat, exclus de la société. [...]
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