La plupart des scientifiques contemporains ne prétendent pouvoir établir de certitudes qu'au travers de vérifications physiques. Cette quête présuppose pourtant la considération des expériences sensibles en tant que manifestations irrécusables de la vérité. Il convient donc précisément de s'interroger sur la pertinence et le bien-fondé de cette assertion première. Y a-t-il une vérité du sensible ? L'enjeu est dual : peut-on envisager une vérité plurielle ? Le sensible est-il à lui-même une représentation fiable de la réalité essentielle qu'il matérialise ? Sous quelles conditions le sensible pourrait-il suffire à la recherche de la vérité ?
[...] La véracité s'affranchit ici de toute condition sur le décès effectif ou non du chat, puisque l'objet de mon assertion porte sur ce que je vois. Ainsi, ayant vu le chat mort, ce que j'ai dit est vrai. Par induction, ce que je ressens est donc systématiquement vrai, en tant que j'ai la certitude de ma perception. Néanmoins, si l'assertion je vois que le bâton à demi immergé est courbé est vraie, je ne peux pour autant en conclure de la courbure réelle du bâton. Pour pallier cette ignorance, deux solutions peuvent être envisagées. [...]
[...] Y a-t-il une vérité du sensible ? La plupart des scientifiques contemporains ne prétendent pouvoir établir de certitudes qu'au travers de vérifications physiques. Cette quête présuppose pourtant la considération des expériences sensibles en tant que manifestations irrécusables de la vérité. Il convient donc précisément de s'interroger sur la pertinence et le bien-fondé de cette assertion première. Y a-t-il une vérité du sensible ? L'enjeu est dual : peut-on envisager une vérité plurielle ? Le sensible est-il à lui-même une représentation fiable de la réalité essentielle qu'il matérialise ? [...]
[...] Mais comment est-il alors possible de s'assurer de la véracité des données issues de cette perception ? Le sensible est matériellement accessible. Mes sens sollicitent les informations issues de l'odeur du petit chat en putréfaction afin que j'en puisse conclure son état physique. Mais l'étiologie de l'effet repose sur une relation de confiance à l'égard des sens. Or, ceux-ci pourraient tout aussi bien se révéler trompeurs. Face aux illusions d'optique, comment ne pas douter de sa capacité à percevoir la réalité sensible ? [...]
[...] Ainsi, en admettant l'illusion, je ne peux envisager une vérité du sensible. Celui-ci pourrait jusqu'à n'être qu'exclusivement infidèle et trompeur. Nous ne saurions pour autant nous résigner à cet écueil. Malgré la fausseté de l'ensemble du monde sensible, il reste possible de le dissocier en évènements élémentaires caractérisant tous ses aspects particuliers. Certains de ceux-ci restent susceptibles d'être vrais, comme le renard apparaissant mort mais qui peut-être ne fait que diversion. Pour distinguer la véracité de ces évènements, il s'agit de ne pas se retrouver confronté aux problèmes des perceptions rencontrés précédemment. [...]
[...] Si le sensible n'entre pas en contradiction avec la conclusion du raisonnement, c'est qu'il y a effectivement une vérité du sensible. A défaut, l'illusion se trouve immédiatement démasquée, quand bien même elle eut pourtant été antérieurement indiscernable. L'initialisation du raisonnement procède de l'intelligible et est ensuite déterminée par des règles de cohérence. Or, de ce qui pourrait constituer un fondement intelligible à la conduite du raisonnement, ni les vérités anamnestiques ni le doute cartésien ne se révèlent suffisamment pertinents. Les premières présupposent une vérité préalable qui peut tout autant être réfutée, tandis que le second ne débouche sur une inférence que particulièrement limitée. [...]
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