travail, oeuvre, Sisyphe, Hannah Arendt, ponos, ergon, homo faber, animal laborens, homo laborens, Kant, Marx, capitaliste
Dans le langage courant, on distingue entre « l'oeuvre d'une vie » et le « travail quotidien ». Pourtant, il s'agit à chaque fois de qualifier une production humaine. Ne pourrait-on pas se demander s'il y a un sens à distinguer travail et oeuvre ?
Le « travail quotidien » semble indiquer d'emblée l'idée d'une répétition. Il serait une action pénible du corps sur la matière qui permettrait au travailleur d'assurer sa subsistance. Le « travail quotidien » c'est le travail usant, celui où l'on dépense une énergie qu'il faudra reconstituer pour aller travailler, ce que permet justement le travail. Au contraire, « l'oeuvre d'une vie » c'est l'action du sujet conscient de lui-même. Oeuvrer c'est avoir usage d'outils pour créer une production qui dure dans le temps. Cette production est ce qui différencie le monde humain du monde de la nature. Pourtant, n'y a-t-il pas dans le travail une part de l'oeuvre ?
[...] On consomme pour travailler et inversement. Pour les Grecs, le travail était la réponse aux nécessités naturelles et était par conséquent méprisé. L'œuvre est plus proche de Pour Hannah Arendt, il s'agit d'une production de l'homo faber. C'est la production humaine par excellence qui dure dans le temps. C'est par l'œuvre que l'homme se sépare de la nature. L'homo faber opposé à l'animal laborens, est celui qui se sert de, c'est celui qui utilise les outils. Rapporter l'œuvre au travail et ne plus les distinguer c'est dégrader l'œuvre, c'est faire de l'œuvre une production consommatrice d'énergie privée de toute sa noblesse. [...]
[...] En ce sens, distinguer travail et œuvre permettent de comprendre et de dénoncer le mode de production capitaliste. De plus, ce mode de production implique de traiter le travailleur en moyen de la production et de la productivité. En ce sens, Simone Weil montre que le travail ouvrier est un déracinement des travailleurs. Dans L'Enracinement, elle évoque le passage de l'école à l'entreprise comme un choc pour le En effet l'individu est reconnu à l'école au sens où son existence compte. [...]
[...] Ici il faut voir qu'en Afrique les statuettes, d'abord religieuses, sont devenues des objets dont les Européens sont friands. De fait, une industrie non mécanisée se met en place autour du commerce des statuettes. L'œuvre est faite main et intègre toutes les valeurs que lui donne Hannah Arendt, pourtant, elle est comme un travail. En ce sens, difficile de distinguer entre travail et œuvre. Cela est d'autant plus vrai qu'il y a œuvre dès que l'objet produit résulte de la pensée de l'agent. C'est-à-dire que celui qui organise son action de travailler est déjà dans « l'œuvrer ». [...]
[...] L'un et l'autre font partie intégrante du travail. On ne travaille pas sans outils et encore moins sans avoir pensé l'action de travailler. Cependant cela est valable dans tous les domaines sauf en ce qui concerne la forme moderne et mécanisée du travail. Le travail à la chaîne qui ne nécessite aucune compétence ni aucune imagination fait de l'homme un pur moteur, un pur outil de la machine. À cette condition, la distinction opérée par Hannah Arendt entre travail et œuvre peut être utile pour faire le bilan du mode de production capitaliste. [...]
[...] Y a-t-il un sens à distinguer travail et œuvre ? Dans le langage courant, on distingue entre « l'œuvre d'une et le « travail quotidien ». Pourtant, il s'agit à chaque fois de qualifier une production humaine. Ne pourrait-on pas se demander s'il y a un sens à distinguer travail et œuvre ? Le « travail quotidien » semble indiquer d'emblée l'idée d'une répétition. Il serait une action pénible du corps sur la matière qui permettrait au travailleur d'assurer sa subsistance. Le « travail quotidien » c'est le travail usant, celui où l'on dépense une énergie qu'il faudra reconstituer pour aller travailler, ce que permet justement le travail. [...]
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