Il suffit rarement de voir pour savoir. C'est un fait. Lorsque nous voyons le soleil se lever puis se coucher, nous savons que ce n'est là qu'une manière de parler. Nous savons bien, ce faisant, que nous manipulons des objets qui n'ont pas vraiment de réalité en dehors de nous : à proprement parler, l'espace qui se trouve au-dessus de nous n'est pas délimité par une voûte, laquelle n'est pas bleue de surcroît. En un mot, la science, si toutefois l'on considère par commodité et provisoirement que celle-ci est assimilable à une recherche perpétuelle de la vérité, ne peut jamais se satisfaire des seuls sens.
Est-ce à dire qu'il n'y a rien de vrai dans la sensation ?
[...] En retour, la compréhension de la vérité d'un phénomène ne modifie en rien la sensation. Ce qui est déclaré illusion par l'entendement est toujours ressenti de la même façon: le bâton est toujours rompu. Voilà pourquoi on peut finalement dire qu'il n'y a rien de vrai dans la sensation, pas plus qu'il n'y a en elle quelque chose de faux. A moins de prendre le terme vrai dans un sens quelque peu détourné comme celui d'authentique, il faut admettre le fait que la sensation soit antérieure à la conscience de ce qui a été senti, antérieure donc à la perception, et antérieure aussi à la compréhension de la perception, donc antérieure à la représentation et à la connaissance; ce fait, donc, situe la sensation avant tout jugement possible, et donc avant l'application de tout critère de vérité. [...]
[...] Est-ce à dire qu'il n'y a rien de vrai dans la sensation? La difficulté ici, on le sent bien, est double. D'une part, il faut se demander et dans quelle mesure- les sens peuvent fournir quelque élément de vérité. D'autre part, il s'agit de comprendre ce que signifie comporter quelque chose de vrai La formulation de la question elle-même incite à attester l'idée d'une distinction entre être vrai et comporter quelque chose de vrai I. Non, la sensation est productrice d'erreurs A. [...]
[...] En ce sens, on peut dire qu'il y a quelque chose de vrai dans la sensation. C. La vérité intrinsèque à la sensation: l'apparaître de l'être On peut aller bien plus loin dans cette défense de la sensation. Toute la tradition métaphysique a enseigné que la vérité de l'être était à chercher au-delà de l'apparaître. En d'autres termes, et c'est là l'une des définitions de la métaphysique, s'il est une vérité, elle ne peut être trouvée dans la sensation, mais bien malgré, au-delà et parfois contre ce que la sensation fournit comme informations. [...]
[...] Y a-t-il quelque chose de vrai dans la sensation ? Il suffit rarement de voir pour savoir. C'est un fait. Lorsque nous voyons le soleil se lever puis se coucher, nous savons que ce n'est là qu'une manière de parler. C'est pourtant bien ce que nous voyons. De fait, si l'on s'en tient à la sensation, nous voyons bien le Soleil agir de telle sorte. Lorsque nous essayons de nous représenter les mouvements relatifs de la Terre et du Soleil, c'est d'une certaine manière à l'encontre de la sensation que nous allons. [...]
[...] Il semble néanmoins que cette manière de répondre à la question Y t-il quelque chose de vrai dans la sensation? soit biaisée. N'a-t-on pas, ce faisant, en quelque sorte évincé le problème? N'a-t-on pas joué avec les mots? De plus, à partir du moment où l'on assume le fait que la sensation offre un accès à la vérité de l'être, il faut encore poser une autre question: est-ce bien la sensation qui permet de comprendre que la sensation est ouverte à l'être? [...]
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