Nous sommes ici interrogés sur le langage. Le langage est la faculté de représenter le donné par des signes. Le propre du langage, défini comme système de signe, est de fournir à nos intuitions et nos représentations une existence plus haute que celle qu'elles possèdent immédiatement. Aussi, le langage élève-t-il au niveau de l'intelligible n'importe quelle réalité sans que nous ayons besoin de l'intuition correspondant à l'objet. Que faut-il entendre par « quelque chose » ? Ce « quelque chose » introduit dans l'intitulé du sujet l'idée d'une réalité complètement indéterminée, pouvant échapper aux mots et aux signes verbaux. Il s'agit dès lors de se demander si quelque donnée indéterminée pourrait se soustraire à cette mise en forme intelligible qu'est le langage.
[...] Mais que faut-il entendre par arbitraire ? L'arbitraire, selon lui, gît aussi bien dans le rapport du mot à l'objet donné (le mot arbre ne représente en aucune façon l'arbre matériel sensible, il n'en est pas l'image) qu'à l'intérieur du signe linguistique lui-même. Qu'est- ce qu'un signe linguistique pour Saussure ? Le signe linguistique est le total résultant de l'association d'un signifiant à un signifié. Ce lien, pour Saussure, est arbitraire, au sens où, par exemple, l'idée de sœur n'est liée par aucun rapport intérieur avec la suite de sons s-ö-r qui lui sert de signifiant. [...]
[...] La nausée La nausée est un roman de Sartre qui porte sur le néant de l'existence. Sartre, en tant que phénoménologue, y décrit les structures de l'existence, la phénoménologie étant comme dit Husserl une science descriptive De même, dans Situations l'existence, paradoxalement, fait-elle sens puisqu'elle y est décrite comme fuite absolue, arrachement à soi, refus d'être substance etc. Le même constat pourrait être fait à propos du vécu de notre conscience, de l'immédiat sensible, ou encore du beau et de l'art. [...]
[...] Ce qui rend possible le sens, selon Saussure, c'est la différence qui sépare les mots. Le sens surgit dans l'intervalle des mots. Plus précisément, un mot n'a de sens que par ce qui le différencie des autres. C'est pourquoi Saussure affirme dans son Cours de linguistique générale que le langage est un système de différences Le sens est engendré par les différences qui séparent les mots. En somme, ici, il n'est rien que le langage ne puisse dire, au sens où dire consiste essentiellement à générer du sens. f. [...]
[...] Il est (le langage) ce par quoi je vais intervenir et agir dans le réel. Mais le langage ne peut intervenir, de façon utile, dans l'effectivité du réel, qu'à la condition de le découper ou, comme dit encore Bergson, de le morceler Autrement dit, c'est parce que le langage a en vue l'action qu'il dit le donné toujours nécessairement en le découpant, en le morcelant. Dans La pensée et le mouvant, Bergson dit que le langage morcelle la réalité En ce sens, les mots, nous dit Bergson, ne peuvent être que comme des étiquettes que la perception applique aux choses afin de les rendre utiles à notre action. [...]
[...] Dans Le rire, Bergson (philosophe français du XXe) dit que nos états d'âme se dérobent dans ce qu'ils ont d'intime, de personnel, et d'originalement vécu Ainsi, les aspects qualitatifs de notre conscience ne sauraient se soumettre à cette mise en forme intelligible qu'est le langage. Pourquoi une telle impuissance de notre langage à exprimer ce qui est qualitatif ? Parce que, comme le montre Bergson, le propre du langage est toujours de transposer ce qui est sensible dans un domaine beaucoup plus général. Les mots, nous dit Bergson, ne peuvent exprimer que des essences, que des idées, ils sont par nature essentialistes. [...]
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