« L'univers n'était pas gros de la vie, ni la biosphère de l'homme… Quoi d'étonnant à ce que, tel celui qui vient de gagner un milliard, nous n'éprouvions l'étrangeté de notre condition ? » Tel que le remarque Jacques Monod dans le Hasard et la nécessité (Seuil P161), la vie est un sujet d'émerveillement d'une profonde dimension. Ses capacités infinies interrogent. La science moderne est en passe de déchiffrer les hiéroglyphes de la vie. Il n'est pas question ici de la vie simplement, cette substance vivante communément admise comme la force créatrice par excellence qui s'oppose à la mort – finalité et cessation de vie – autant qu'elle la suppose. Elle désignerait le principe fondamental animant les êtres vivants. Il est question néanmoins de l'organisme dans sa totalité, dont l'histoire irréversible s'inscrit entre sa naissance et sa mort ; c'est-à-dire du vivant.
Les vivants et les morts obéissent à un calcul rigoureusement binaire. Dès lors toute approche scientifique -de ce vivant multiforme dont les spécimens vont de la bactérie à l'homme –tend à reconnaître que, aussi bien dans ses structures que dans ses performances, le vivant poursuit un projet. Ainsi, la biologie, désignant littéralement, l'ensemble des sciences de la vie, a pour fin d'apprendre la vie, comme on apprendrait à coudre par exemple. Elle nomme la logique du vivant ? Se dessinent déjà les prémisses de cette pratique dans les « biotechnologies », qui constituent peut-être l'amorce d'un dernier détournement de la nature, aboutissement ultime de la connaissance et de la maîtrise qu'a l'homme sur le monde et sur la vie. Usant de raison, le savant cherche à attribuer à la vie une logique, la sienne.
Y-a-t-il une logique du vivant ? L'expérimentation déporte le vivant dans l'espace artificiel du laboratoire puis du raisonnement. Le problème repose sur l'existence de cette logique dans le vivant. La logique suppose une science vraiment déductive, indépendante du sens des énoncés. Il s'agit de savoir si le principe fondamental que suppose le concept de vivant n'échappe pas à l'investigation d'un principe régulateur et méthodologique. Le vivant s'applique-t-il à une théorie de l'inférence formellement valide, c'est-à-dire qui demeure vraie quand on opère certaines substitutions dans l'énoncé ? Est-il possible de déterminer les lois à la fois communes et spécifiques du vivant ? Quel est le fondement ? Le propre du vivant n'est-il pas en fin de compte la diversité ou l'illogisme ?
[...] En outre, si la question initiale posait l'unité, le concept de logique du vivant, il faut non seulement la déterminer mais comprendre par elle le comment du vivant. La tératologie, l'étude des monstres, va fournir à la biologie l'un des principaux outils d'analyse. De la sorte, François Jacob pense non seulement la diversité du vivant mais aussi sa désorganisation. C'est à partir du chapitre 2 (P138-140) intitulé Organisation de la Logique du vivant que l'on soulèvera le problème du vivant insaisissable. Mais quel vivant ? De quel vivant cherche-t-on la logique ? Le problème est celui de la définition de l'objet. [...]
[...] Le vivant invite à regarder la multiplicité des êtres qui vivent, et cette multiplicité, cette surabondance, cette profusion étonnantes donnent l'occasion de variations extraordinaires, qui sortent de l'ordinaire, qui choquent ou indigent. Penser le vivant c'est avoir la prétention de saisir le mouvement insaisissable de la vie. C'est une prétention, à la fois complaisance vaniteuse envers soi-même et revendication c'est-à-dire exigence s'appuyant sur un droit supposé ou réel. Le vivant produit des monstres c'est une preuve de l'illogisme dans le vivant. Est-il logique de produire des monstres ? C'est une faille dans l'organisation du vivant. Comment saisir cette discontinuité ? [...]
[...] Y-a-t-il une logique du vivant ? L'expérimentation déporte le vivant dans l'espace artificiel du laboratoire puis du raisonnement. Le problème repose sur l'existence de cette logique dans le vivant. La logique suppose une science vraiment déductive, indépendante du sens des énoncés. Il s'agit de savoir si le principe fondamental que suppose le concept de vivant n'échappe pas à l'investigation d'un principe régulateur et méthodologique. Le vivant s'applique-t-il à une théorie de l'inférence formellement valide, c'est-à- dire qui demeure vraie quand on opère certaines substitutions dans l'énoncé ? [...]
[...] Elle est une production particulière du vivant. Elle n'a pas pour but de penser le vivant. Elle reste dans le vivant. La philosophie du vivant, elle, qui se pense, s'atteint-elle, elle-même ? Si la philosophie est une science du vivant, une science interne au vivant, englobée dans le rythme de la vie et chair de cette dernière n'est-il pas irrecevable, l'idée qu'elle soit elle-même philosophie du vivant ? Cette confusion incontournable repose sur l'ambivalence de l'existence même de la philosophie de Bergson quant à l'évolution créatrice. [...]
[...] Par exemple, l'ortie de mer fait partie de la botanique jusqu'à ce qu'elle soit appelée méduse et classée dans le genre animal. Le nègre blanc (article de l'Encyclopédie de Diderot) est-il demi-singe ou homme-total ? On comprend que le développement des sciences de la vie dépend de l'accroissement des êtres vivants nommés. Mais Dire le vivant c'est aussi rappeler la singularité d'une existence. La question est de savoir s'il s'agit d'un objet général ou singulier. Pour expliquer on use d'une théorie générale ou du moins d'un modèle issu de la raison. La loi n'est pas le cas particulier. [...]
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