Nous revendiquons tous notre liberté pourtant elle nous paraît toujours restreinte par les autres, la société, l'Etat, les lois, la morale. Il nous semble qu'un obstacle s'oppose en permanence à notre liberté, qui nous apparait alors comme injuste car contrainte. Mais savons-nous réellement ce que signifie être libre ? L'idée de liberté a fait l'objet de nombreuses interprétations comme le souligne Montesquieu dans l'Esprit des lois « Il n'y a point de mot qui ait reçu plus de différentes significations et qui ait frappé les esprits de tant de manières que celui de liberté ».
C'est ainsi que nous pouvons nous demander s'il y a une idée juste de la liberté. Autrement dit est-ce que l'idée de justice est indissociable de l'idée de liberté ou au contraire une liberté juste n'est-elle qu'une idée inventée par les hommes pour accepter leur asservissement ?
[...] En effet, il ne saurait y avoir de liberté dans un monde sans lois ce qui supposerait une lutte permanente de tous contre tous. Tout le monde désire des choses différentes, mais au moyen de la loi les consciences s'accordent et on a le droit de faire ce qu'on est autorisé à faire. La liberté de fait se transforme en liberté de droit, juste authentique et égale pour tous les citoyens. Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale Mais si l'on s'en tient à un principe d'égalité et qu'on ne le corrige pas par un principe d'équité qui définit une égalité proportionnelle à leur mérite respectif pour des individus différents, on ne disposera jamais d'une autorité légitime, mais d'un pouvoir arbitraire qui distribuera des faveurs et des privilèges. [...]
[...] Paul Valéry disait qu'elle est un de ces détestables mots qui ont plus de valeur que de sens Il y a donc une impossibilité pour la conscience de concevoir l'idée de liberté comme le souligne Bergson La conscience est un pont jeté entre le passé et le futur pour comprendre qu'il n'y a pas d'action sans liens donc que l'intelligence ne peut pas concevoir la liberté. L'homme serait donc condamné à vivre dans une illusion de liberté qu'il s'impose à lui-même chaque fois qu'il se demande s'il était possible d'agir autrement. Ce paradoxe est souligné par Sartre dans les Mouches Libre ? [...]
[...] Tant que l'homme se contentera d'une idée de liberté, il sera soumis à son propre asservissement, prisonnier de ces fausses représentations. Pour celui qui pense être libre chaque fois qu'il fait ce qu'il veut, être libre c'est n'en faire qu'à sa tête La liberté est alors l'entêtement dont parle Hegel dans la Phénoménologie de l'esprit c'est-à-dire la liberté qui se fixe à une singularité et se tient au sein de la servitude Cette liberté lorsqu'elle est portée à son absolu devient une liberté abstraite, comme le montre Hegel dans ses principes de la philosophie du droit cette possibilité absolue de m'abstraire de toute détermination dans laquelle je me trouve ou me suis placé, la fuite devant tout contenu comme s'il s'agissait d'une limitation ( ) C'est la liberté du vide Il faut donc se défaire de ces fausses idées sur la liberté parce qu'elles conduisent l'homme à un asservissement volontaire comme le souligne la Boétie dans son paradoxe de la servitude volontaire. [...]
[...] Nous pensons toujours manquer de liberté, quelque chose ou quelqu'un s'impose sans cesse à notre être sans que nous l'ayons décidé. C'est notre représentation de la liberté qui est injuste et non la liberté en elle- même, nous définissons la liberté comme la possibilité de réaliser tout ce que l'on veut. Mais cette représentation injuste s'efface quand l'homme passe de l'état de nature pour pénétrer dans l'Etat, car il renonce volontairement à ses libertés individuelles au profit de la liberté commune. Ce n'est donc qu'à cette condition que nous pouvons avoir une idée juste de la liberté. [...]
[...] Mais ce qui pose problème n'est pas tant son existence, mais le fait que tout comme moi, il soit une liberté. Autrui comme le définit Sartre c'est l'autre c'est-à-dire le moi qui n'est pas moi Autrui est aussi libre que moi, c'est en s'affirmant comme liberté qu'il représente une limite à la mienne, car il est une liberté au-delà de ma liberté Dans ces circonstances la liberté d'autrui est l'aliénation subtile de toutes mes possibilités elle constitue la limite indépassable de ma liberté. [...]
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