'Ceux qui oublient le passé sont condamnés à le revivre'. Cette formule d'un écrivain espagnol est ressassée à satiété pour faire de l'oubli une punition et de la mémoire une forme de rédemption. Il 'faut' se souvenir des événements passés, bons ou mauvais, afin d'en tirer des leçons pour l'avenir, et ne pas répéter les erreurs. Comme si la reconnaissance des horreurs passées nous en absolvait et nous protégeait contre leur retour
[...] Il doit pouvoir montrer comment la réalité idéologique (par exemple " La France, partie des Droits de l'Homme conduit parfois à gommer la réalité des faits France, gouvernement de Vichy C'est dire combien l'enseignement de la Shoah doit être abordé non avec une vision émotionnelle, mais politique, et en partant des faits. Le devoir de mémoire est, nous l'avons vu, à transmettre aux plus jeunes pour lutter contre l'oubli, le refoulement et la négation des faits. Pour l'enseigner, il convient d'être le plus précis possible, de ne pas éluder les faits, et de dire la vérité brute. C'est ce qu'explique Jean-François Forges, dans son ouvrage paru en 1997, Eduquer contre Auschwitz. [...]
[...] La notion de personne est à la base de la société démocratique, dans laquelle elle s'est épanouie. Mais, contradictoirement, elle s'est aussi diluée dans la société de masse. L'histoire du 101ème bataillon de police de réserve de Hamburg, décryptée en 1992 par Chroistopher Browning dans son ouvrage Des hommes ordinaires constitue à cet égard une leçon civique de première force. Ce bataillon, dirigé par le commandant Trapp, comptait environ hommes dont 11 officiers. Il n'y avait ni engagé volontaire ni SS parmi les hommes de troupe, mais un quart de l'effectif était membre du NSDAP. [...]
[...] N'ayant jamais tiré les leçons de leur passé entaché, les Suédois ont pris le risque de voir se répéter l'Histoire. C'est également cette entreprise de reconnaissance et d'analyse du passé qui a fait défaut aux Autrichiens et les a menés à la catastrophe politique actuelle. Après la Seconde Guerre Mondiale, l'Autriche s'est définie comme une victime de la politique de l'Allemagne nazie, faisant oublier que la quasi-totalité du pays avait accueilli l'Anschluß de 1938 avec un enthousiasme débordant et que le pays a fourni un tiers des participants à la machinerie du meurtre de masse : près de la moitié des victimes juives, estime-t-on, ont été assassinées par des Autrichiens. [...]
[...] En ce qui concerne les communautés d'origine africaine, en particulier aux Etats-Unis ou dans le DOM-TOM français, celles-ci se sont soudées depuis quelques années autour du symbole de l'esclavagisme et de la déportation des Noirs vers les pays colonisateurs. La commémoration en 1998 du 150ème anniversaire de l'abolition de l'esclavage par exemple, fut l'occasion pour la communauté noire des DOM-TOM d'affirmer son identité. Pour permettre à une communauté de se construire à travers son histoire et sa mémoire collective, encore faut-il que le passé ait été analysé et accepté. [...]
[...] L'historien et philosophe Halbwachs explique ainsi que chaque homme se construit grâce à l'Histoire et à la mémoire. Celle-ci fait office de lien entre ce que nous avons été et ce que nous sommes. Pour Halbwachs, chaque société construit également son identité grâce à sa mémoire collective. L'importance de cette mémoire collective au sein d'une société se traduit de nos jours par la multiplication des commémorations, des temps ou des " lieux de mémoire " décrits par Pierre Nora dans son ouvrage éponyme. [...]
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