Démesure, volonté de savoir, accomplissement de l’Homme dans l’univers, regroupement des connaissances, curiosité, besoin de comprendre
Nous avons coutume d'associer le savoir - qui vient du mot latin sapere : « avoir de la saveur » puis « comprendre » - et la connaissance - du latin cognito « action d'apprendre » - alors que ces deux notions sont distinctes : la connaissance est une activité théorique et désintéressée satisfaisant un pur désir de savoir, tandis que le savoir en lui-même est un ensemble d'informations disponibles dans un domaine donné. Il existe ainsi trois espèces de savoir : le savoir technique, le savoir pratique qui conserve l'action et le savoir théorique. Lorsqu'on prend le savoir comme regroupement de toutes les connaissances, des pratiques, des discours, des méthodes d'investigation accumulées par l'humanité, nous nous apercevons de son immensité et nous pouvons alors nous demander qu'est-ce qui a pu motiver un tel désir de connaître : n'y a-t-il que la curiosité, le besoin de comprendre, la volonté de créer des sciences solides et durables qui ont poussé l'homme a en savoir toujours plus sur les choses qui l'entoure ?
[...] Si sa peinture acquiert ainsi une maîtrise incroyable de la réalité et que les tableaux présentent des techniques nouvelles, il apparaît très vite que cette volonté de perfection est une épée de Damoclès au-dessus de la tête du savant italien. En effet, il cherche à en savoir le plus possible sur ses modèles : si cela est louable du point de vue de la représentation picturale, cette avidité devient vite démesurée dans le sens où Léonard de Vinci perd rapidement de vue son art, s'en détache pour bientôt ne plus se consacrer qu'à la recherche. [...]
[...] De même, la démesure dans la volonté de savoir peut pousser l'Homme à revenir sur cette leçon de morale et d'humilité instaurée par la méthode cartésienne, consistant à tracer son chemin pas à pas vers le savoir. Goethe, dans son Faust, décrit ainsi un homme torturé par le désir de tirer une compréhension profonde et totale des choses, mais aussi par le désir de profiter de la vie dans toute sa plénitude. Il promet alors son âme au diable (Mephistophélès) si ce dernier parvient à le libérer de son insatisfaction, à satisfaire ses envies et désirs. [...]
[...] Le problème est d'appréhender cette dualité de la volonté de savoir par rapport à l'être humain lui-même : que se passe-t-il en lui pour qu'une volonté raisonnable et mesurée de savoir se transforme en désir insatisfait, toujours plus exigeant ? Cette démesure est-elle due au savoir lui-même, ou à l'homme qui ne sait trouver la bonne manière d'accéder au savoir ? * Est démesuré ce qui va au-delà du raisonnable : or, ce qui motive la recherche du savoir, c'est justement cette volonté de rationalité qu'a eu l'Homme lorsque les mythes n'ont plus suffit pour lui apporter des réponses. En effet, étonnement et curiosité sont naturels à l'Homme. [...]
[...] Fils de Laïos et de Jocaste, il tua son père et se maria avec sa mère. Devenu roi de Thèbes après avoir vaincu le Sphinx et devant faire face à une peste qui ravage la cité, il apprend par l'oracle de Delphes que l'épidémie ne se calmera que lorsque le meurtrier de Laïos sera jugé. Il fait alors preuve d'une volonté de savoir évidente, faisant rechercher les témoins possibles de la scène du meurtre, demandant à faire venir un devin ; mais lorsque Tirésias commence à faire entendre sa parole, la volonté d'abord rationnelle du roi - trouver un coupable, le juger pour que Thèbes soit guérie de ses maux, c'est-à-dire procéder à une enquête - laisse place à la curiosité de l'homme, à un désir de savoir qui veut être assouvi. [...]
[...] L'orgueil de l'homme nous amène à penser la nécessité d'une volonté de savoir cadrée par une morale rigide qui permettrait à l'homme de ne pas se laisser emporter par l'avidité de connaissances, ou qui lui permettrait au moins de ne pas se laisser détruire. [...]
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